John Carpenter

La Rochelle [La Sirène] - dimanche 14 octobre 2018

La pluie bat fort ce jour-là. Le froid humide commence à s'immiscer tel un brouillard insidieux. Fini les lunettes de soleil, l'automne déjà vêtu d'hiver est bel et bien là.

Hésitants et quelque peu dépassés par des évènements extérieurs, ma tendre et chère et votre serviteur se tâtent fortement,en ce matin du dimanche 14 Octobre 2018, à se rendre au concert de John Carpenter prévu à La Rochelle à 18 h le même jour. Reste -t'-il des places? Peut-on même se procurer ces places sur place? Toutes ces questions taraudent notre esprit après le petit déjeuner.

Vêtu, comme à mon habitude de mon peignoir en chamois et allumant une pipe d'après Céréales-Tartines- Café, je scrute l'extérieur, perdu dans des pensées calculatoires relatives à la santé très fragile de mon compte en banque.

Une petite voix tentatrice en moi-même me dit "John Carpenter passe à moins de 40 km de chez toi et tu doutes encore, appelle la salle concernée et trouve les réponses à vos questions!".

M'emparant de notre téléphone rouge, je compose le numéro qui confirmera ou non la décision à prendre. L'organisateur me répondant atteste de la possibilité de s'y rendre à l'heure dite sans billets au préalable achetés mais avec billets de banque et pièces de monnaie correspondant à la somme du prix de deux places...

17 :56. Grâce aux indications disponibles sur le site de la salle de La Sirène, nous parvinrent facilement au lieu qui allait recevoir Big John ce soir. Déjà, une queue conséquente est visible. Nous attendons plutôt longtemps, compte tenu du fait que les portes devaient s'ouvrir à 18h. Nous faisons un constat rapide : le public, principalement venu des environs (Charente Maritime, Gironde, Loire-Atlantique mais peu de Vendée( !)), est majoritairement masculin et assez ciblé sur la tranche d'âge autour des 40 ans, événement générationnel oblige. Une sorte de Stars 80 synthétique et filmique pour public averti. Là encore, au vu de nos derniers concerts, on ne peut s'empêcher de constater la Gentrification de ce que peut être certains "live" aujourd'hui: les gens autour de nous parlent de leurs divers voyages dans les pays de l'Est, au Japon ou au Canada (tandis que pour nous traverser quelques départements représente un véritable investissement), ou encore des expositions d'Art qu'ils ont en cours. Aux alentours de 18h35, un gentil monsieur vient nous annoncer que les filles peuvent déjà traverser la file pour la fouille avant l'accès proprement dit à la salle. Ma belle prend donc la tangente avec nos quelques sesterces pour payer les droits d'entrée, une autre fille la précède et se retourne en disant "putain ! Mais y a pas de meufs pour voir John Carpenter !". Ce dernier perché en haut du bâtiment situé sur les Docks de La Rochelle, nous faisant de grands coucous avant la messe.

18h50. Après une fouille serrée où le "palpé-roulé" fut quand même mené d'une main de fer (plus simplement, j'avais mal aux boules), je pus enfin rejoindre ma dulcinée. A l'intérieur, un bar dernier cri, offrant de nombreuses boissons et sandwichs aux saveurs diverses et variées. Nous fumons une cigarette et le directeur des lieux vient à notre rencontre et nous annonce que le concert va commencer au deuxième étage. Prenant l'escalier extérieur, nous arrivons enfin. La scène est prête, le concert va commencer d'ici 5 minutes, sans première partie.

John Carpenter surgit, suivi de son fils Cody (aux synthés principaux, tandis que John assurera les parties les plus simples ou les basses), de son filleul Daniel Davies (fils du guitariste de The Kinks et filleul de Carpenter, assurant la 6 cordes et les synthés secondaires), d'un bassiste et d'un batteur. Il mâche nonchalamment un chewing-gum et on espère qu'il va bien botter les culs.
Le rythme d'Escape From New York parvient à nos oreilles, les gens sont heureux. Doublé d'une guitare apportant un côté encore plus "Badass", le thème principal au synthé se dévoile et au premier véritable coup de caisse claire, les images iconiques du film apparaissent sur un écran divisé en trois derrière la scène.
On dira ce qu'on voudra du bonhomme et de ses prestations : paresse, opportunisme, facilité... mais putain que c'est cool ! Une expérience visuelle et sonore simple et efficace, digne des films du Maître...
Voir sur un écran géant la bagnole du Duke, les tronches d'Isaac Hayes, de Lee Van Cleef, Ernest Borgnine,Donald Pleasence, Harry Dean Stanton ou d'Adrienne Barbeau , les combats de Kurt Russel / Snake Plissken, les images d'ordinateurs pré- McIntosh, tout ça donne sévèrement envie de se refaire tous les films de l'intéressé, purement et simplement... On enchaîne avec le thème principal de Assault on Precinct 13, toujours aussi trippant avec ses grosses lignes de basse synthétique et sa rythmique de compte à rebours, là encore la magie opère, bien qu'un petit bug technique sur les retours pour les musiciens fait frémir au début. Le problème étant vite résolu, on continue de se laisser emporter par la musique et les images de ce huis-clos minimaliste ultra cool.
John Carpenter s'adresse enfin au public. Bizarrement, plus je l'entends parler, plus il me semble être un sosie vocal de Donald Trump. Cette étrange impression passée, le groupe démarre un moment musical illustrant davantage les incursions du réalisateur dans le domaine du fantastique, avec les bandes-sons de Village Of The Damned et de The Fog. Plus immersif, ce moment nous entraîne directement vers les morceaux de Lost Themes (The imaginary soundrack of your mind, nous dira Carpenter...) avec "Vortex" et "Mystery", soit deux titres des plus accrocheurs de l'album.
Retour au pur Badass avec They Live où l'ensemble du groupe profite de pauses dans l'intro pour afficher fièrement leurs lunettes de soleil. Un des meilleurs moments de ce concert avec ce mélange si particulier de son et mélodie Depeche Modienne et d'esprit "Fuck You". On reverra avec plaisir la scène du grand nettoyage à la banque et la baston homérique entre Keith David et Rody Pipper.
Changement de registre, lorsque Big John nous annonce que le morceau qui va suivre est la seule histoire d'amour qu'il ait jamais contée : il s'agit de Starman (que je n'ai jamais vu et dont Jack Nitzsche a composé la musique). Ici les claviers se font pleureurs et atteignent la majesté et l'emphase qu'on peut entendre sur Disintegration de The Cure. Suit un autre titre non composé par Carpenter, le thème de The Thing dont la musique avait été composée par Ennio Morricone. Les images continuent de faire mouche et la musique d'être envoûtante.
Par la suite, John Carpenter ne reviendra que brièvement sur ses travaux sonores post-cinéma, "Distant Dream" étant le seul extrait de Lost Themes II joué ce soir.
Puis revient l'artillerie lourde avec le thèmes enlevé et versant sur le côté "Bon son, bonnes grosses guitares électriques" de l'ancien fumeur compulsif avec Big Trouble In Little China (on retrouvera ce côté "Hardos" quelques morceaux plus tard avec l'extrait principal de In The Mouth Of Madness).
Le moment "promo oblige" arrive avec "The Shape Hunts" illustré avec les images de la bande annonce de Halloween 2018, puis celles du film tourné 40 ans plus tôt, où le public quasiment se trémousse sur quelques notes de piano drapées d'un beat technoïde... L'explosion finale aura lieu avec In The Mouth Of Madness, nous dirigeant vers un rappel quémandé par une audience plus qu'enthousiaste.

C'est sur les images du méconnu Body Bags (téléfilm à sketches co-réalisé par Tobe Hooper et avec Stacy Keach, Mark Hamill et Carpenter himself parmi d'autres prestigieux invités) que celui-ci commence. On passe du grotesque au crépusculaire avec "Santiago", issu du film Vampires. Retour au mystère oppressant via les synthés démoniaques et horrifiques de Prince Of Darkness. La soirée touche à sa fin, John nous recommande de conduire prudemment pour rentrer chez nous pour lancer "Christine Attacks-Plymouth Fury" évidemment tiré du film Christine.

1h20 de concert, 19 titres au total et beaucoup de plaisir. Les débuts et la fin de carrière de John Carpenter ont été passés sous silence, mais l'essentiel fut là : de la bonne zik, des images grandioses et marquantes, Papy Synthé a plus que géré ce soir-là. "Evidemment qu'il ne fallait pas louper ce concert, cela aurait été trop bête..." nous disons nous en remontant dans la voiture avant de conduire prudemment, bien entendu.
Une expérience toute bête mais qui change des concerts habituels. Si seulement Angelo Badalamenti pouvait faire un truc similaire en balançant des images de Twin Peaks, je serais sacrément preneur ! En attendant la concrétisation de cet hypothétique fantasme sonore et visuel, voilà déjà un beau souvenir !


Excellent !   18/20
par Machete83


  Setlist :

- Escape from New York :Main Title
- Assault On Precinct 12 : Main Title
- Village Of The Damned : March Of The Children
- The Fog : Main Title
- Vortex
- Distant Dreams
- They live : Coming To L.A.
- Starman : Starman Leaves
- The Fog : Main Theme-Desolation
- Distant Dream
- Big Trouble In Little China : Pork Chop Express
- Halloween 2018 : The Shape Hunts
- Halloween : Main Title
-In The Mouth Of Madness : Main Title

Encore :

- Body Bags
- Vampires : Santiago
- Prince Of Darkness : Darkness Begins
- Christine : Christine Attacks- Plymouth Fury


Proposez votre chronique !





Recherche avancée
En ligne
347 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
Combien dépensez vous par mois pour vos disques