Edam Edam

Paris [L'international] - mardi 11 octobre 2016

 Edam Edam
Vous savez ce que c'est l'amitié. Un peu comme l'amour ou la famille, faut faire des concessions. Faire acte de présence même quand ça fait rudement chier. Aller bouffer un saucisse frites chez le papy gâteux qui débite des horreurs sur les "rastaquouères", se rendre à une pièce de théâtre d'un ennui abyssal parce que le beau-frère y déclame 3 répliques, écouter sa dulcinée te raconter sa journée totalement banale... ou assister au concert d'un pote qui sait pas aligner trois accords dans un rade miteux.

Je vous dis ça mais j'ai de la chance : mon papy n'est ni gâteux ni raciste (bon accessoirement, il est mort ça doit aider), mon beau-frère ne fait pas de théâtre (d'autant que j'ai pas de soeur...), ma dulcinée a des journées trépidantes... et surtout mes potes savent jouer de la musique ! Et ça beaucoup l'ont réalisé hier soir.

Dans ce chouette bar de la capitale qu'est l'International, il y a une salle au sous-sol. Hier soir c'est Shyle aka Edam Edam aka S. qui ouvrait pour Kim Jong 4 aka les gars de Voix de Garage aka "le groupe de Blackcondorguy".

Shyle est un personnage, déjà. On pourrait croire que c'est juste un ado attardé de plus, bloqué dans les 90s, qui porte un t-shirt Nirvana en concert. C'est le cas ok. Mais il a aussi une personnalité bien affirmée, des questions existentielles qui le taraudent, quelques hobbies plutôt prononcés (les trucs de geek, le cul, l'affirmation de soi et de ses différences, le cul, les films de séries b, le cul, les gros culs et le cul).

Il aime aussi la guitare et elle le lui rend bien. Sa guitare il la maltraite comme s'il s'agissait d'un bon plan cul salace. Sa rythmique est assez effarante, il trace, il trace... Le type est flippant. Mais ce soir il décide de prendre un peu plus son temps, d'étirer ses morceaux avec du solo crado, de savourer l'instant présent, en compagnie d'un public qui s'amuse autant que lui. Il s'étonne toutefois voire s'offusque quand une malotrue ose un "oh nooon" après qu'il ait annoncé "une chanson pop" (la bien nommée et parfaite "Pop Song"). Il a raison, qu'est ce qu'Edam Edam sinon de la pop ? De la bonne grosse pop faussement gentillette jouée à fond les ballons et qui sait pousser des gueulantes (bonjour la disto). Une fibre pop omniprésente chez lui, comme les Ramones ou Nirvana en leur temps (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !). Et on croit savoir qu'il les aime bien.
En tout cas il n'est pas embêté pour pondre des mélodies et ce soir il pioche dans son inépuisable répertoire de parfaites petites rengaines à siffloter sous la douche, en bêchant son jardin ou en reluquant un gros cul. Au fil du concert, on se demande bien laquelle on préfère au sein de cette usine à indie tubes. En tout cas on a la banane.

Les nord coréens déboulent ensuite. Et ils attaquent bille en tête avec "Soirée Légère". Voilà qui colle bien avec l'esprit de la soirée. S'ensuit une pelletée de morceaux punk rudement cools et péchus, issus en partie du premier EP Welcome To Pyongyang, dont c'est la fête ce soir. Les 4 Kim Jong n'ont pas joué depuis 15 mois. Et bigre, ça ne s'entend pas. C'est brut, c'est wahou, c'est yeah, c'est cool !

BCG m'ordonne alors de remuer mon auguste séant sur un morceau qui m'est cher (et qui devrait l'être à tout bon amateur de punk). Je veux parler de "Sex Beat" du Gun Club. Jouissance personnelle, et visiblement partagée. Sur une version qui se veut encore plus rageuse que l'originale. J'exagère peut-être, on parle quand même d'un monument. Une chose est sûre, ça le fait grave.

La soirée atteint son pic émotionnel sur le morceau de lover des Ramones (" Here Today, Gone Tomorrow ") avec Shyle invité sur scène et couvert de "I Love You" par un condor plus romantique que jamais. Après s'être découvert une sensibilité nouvelle, nul doute que cette brute au coeur tendre s'est fait l'intégralité des Smiths, la larme à l'oeil en rentrant chez lui.

Un peu plus tard, il reprendra du poil de la bête lors de l'hommage à sa majesté suprême (" Revenge (Of The Great Leader Of Rock'n'Roll) ") parfaitement exécuté et enthousiasmant avec un public fort participatif et discipliné quand il s'agit de taper dans les mains et crier "Hey". Avec ce genre de propagande, ce bon vieux Kim n'a pas de souci à se faire.

BCG, décidément d'humeur dictatoriale, me demandera même de gueuler dans le micro à ses côtés lors d'un " TV Eye " qui sent bon la fin de set enflammée. Connaissant ma faculté à m'humilier, il se veut rassurant. "Y a juste à dire "riot"". Je crois que j'ai réussi. Encore que...
Eux parviennent très bien quoi qu'il en soit à restituer l'énergie vorace de l'iguane et ses larbins... Puis Marlon, le plus naturellement du monde, balance la ligne de basse de "I Wanna Be Your Dog". " Ils vont le faire les cons " se dit-on alors. Et c'est toujours une bonne idée de boucler un concert là-dessus. Difficile de ne pas emporter l'adhésion. Il s'agissait de la 31456ème cover de ce morceau, et franchement elle était peut-être bien dans le top 1000.

Conclusion euphorique d'une soirée sans fausse note (bon un peu quand même sinon ce serait pas punk). Quelques bières et discussions enflammées plus tard, il est temps de regagner mes pénates, un peu embrumé, et en pensant fort " ils sont quand même cool mes potes ".


Très bon   16/20
par McNulty


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