Daniel Darc

Bourges [Le Printemps De Bourges, Auditorium] - jeudi 26 avril 2012

Mais qu'est-ce qu'il fout là ? Quel homme va jeter en pâture sa carcasse décharnée et ses textes cabossés sans aucune assurance ? Diffuser les remords dont il sera éternellement otage avec sa gueule cassée devant un public à l'abri, perché sur un parterre de fauteuils de velours ? Qu'est ce que ça lui apporte ?

Difficile de contempler Daniel Darc sur scène, qui écope et ressasse ses infortunes, ses inconsciences et ses faiblesses. Et elles sont nombreuses. Dérangeant de voir une tragédie, qui n'a rien d'antique ni de glorieux, revivre sous nos yeux dans la peau de ce personnage de l'ombre dont les tatouages aspirent à le confondre, le happer à l'obscurité. Lui dont il ne reste plus grand-chose, à part une voix maigrichonne, désabusée qui ne manque pourtant jamais un mot. Tous ces mots. Simples et directs. Sans métaphore ni détour. Darc a autant de vérités crues à partager que de stigmates à camoufler. Accroché à son micro. Chancelant. Le regard que l'on sait hésitant voire vide, même caché derrière ses grosses lunettes noires. Cette moue tirée vers le bas. On sait qu'il ne cherche pas la rédemption. Cela fait belle lurette qu'il a fait une croix dessus. Le réconfort, il vient le chercher auprès de ses deux musiciens qui l'accompagnent ce soir, avec maladresse peut être. C'est certain même. Un piano. Un violoncelle. Il n'en faut pas plus. Ce qui a été écrit avec le sang doit être transmis dans une simple messe, générale et confidentielle, sans avoir besoin de dire amen.

Daniel Darc a beau affirmer être "vieux, con", détaler en coulisse après avoir récité le dernier vers de "J'irai Au Paradis" et revenir avec son pas lourd et creux de fantôme en s'excusant simplement "désolé, la trouille", il ne reste pas moins un artiste captivant. Bouffé de partout, déchiré comme il le scande sur "Serais-je Perdu", pleurant dans son harmonica ("Inutile Et Hors D'usage"), le phénomène ne laisse pas indifférent. Il émeut pour ma part ; un certain nombre de silhouettes se dérobera tout au long du concert. "Seul Sous La Lune" aurait suffit à elle seule à illuminer ma soirée, si "C'était Mieux Avant" n'avait pas été l'occasion de refaire le bilan de ces connaissances qui ont fait chacune leurs chemins ou encore "Ça Ne Sert A Rien" avec un Rémi Bousseau excellent à la flûte traversière. Un concert crève-cœur d'un beat dans l'âme déclamant les premiers vers du poème culte Howl avant de disparaître comme il est venu.


Parfait   17/20
par TiComo La Fuera


  Setlist

La Main Au Coeur
Serais-je Perdu
La Pluie Qui Tombe
C'est Moi Le Printemps
J'irai Au Paradis
L.U.V.
Inutile Et Hors D'usage
Ca Ne Sert A Rien
Seul Sous La Lune
Il Y A Des Moments
Vers L'infini
C'était Mieux Avant
Sois Sanctifié
Cherchez Le Garçon


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