Youth Lagoon

Savage Hills Ballroom

Savage Hills Ballroom

 Label :     Fat Possum 
 Sortie :    jeudi 24 septembre 2015 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

C'était peu dire que j'attendais le troisième album de Trevor Powers, alias Youth Lagoon avec hâte. Le parcours exemplaire de l'artiste a de quoi susciter quelques empressements. Fort de deux albums foutrement bien troussés, le petit natif d'un bled paumé de l'Idaho avait su imposer le respect et creuser son trou dans le milieu. La musique de Youth Lagoon, c'est surtout ce mélange de pop rêveuse, de psychédélisme tortueux et d'introspection prenante, le tout saupoudré d'une grande couche d'intimisme. Avec son premier album, composé et enregistré tout seul dans sa chambre, Powers était devenu l'archétype du gamin prometteur, passionné et sensible. Wondrous Bughouse transformait l'essai en épaississant sensiblement les compositions tout en envoyant à la gueule des auditeurs ses craintes et ses angoisses.
Mais là, qu'attendre d'un album de Youth Lagoon ? On se doute au fond de nous-même que le cliché du jeune homme paumé, intime et mélancolique ne va pas s'éterniser. On lui souhaite, même, de sortir de sa coquille et profiter de sa reconnaissance largement méritée. Mais, hélas, cet album est marqué par un terrible événement : le décès d'un ami d'enfance de Powers, noyé dans une rivière de sa terre natale. Il n'est pas peu dire que l'absence et le deuil teintent plus que jamais ce troisième effort et ce dès la première piste "Officer Telephone". Mais rassurez-vous, Savage Hills Ballroom n'est pas un album larmoyant plein de pathos. Il émane aussi de chaque piste une grande dignité, une force, une envie d'aller de l'avant. La thérapie par la composition ? Une renaissance ? Il y a un peu de cela.

Musicalement, Savage Hills Ballroom est l'album où Trevor Powers s'assume. Finie, ou presque, cette musique intimiste ou celle plus roborative du dernier album. Pour la première fois, ce que le jeune compositeur met en avant, c'est sa voix qu'il a arrêté de planquer derrière un mille-feuille sonore touffu. Cette voix si particulière, si aigue, ténue, presque frêle, ajoute une intensité nouvelle dans les compositions. C'est grâce à son bel organe qu'il arrive à recréer la délicatesse qui se manifestait durant son premier album dans ses couches douces de synthé. Pour faire place à sa voix, Powers a un peu taillé dans le gras de ses chansons. Fini ce son massif qui emplissait la pièce. Ce qu'on perd en volume, on le gagne en intensité et aussi en diversité instrumentale. Ainsi, les cordes font une apparition par la grande porte, notamment sur "The Knower".
Les dix pistes qui composent ce Savage Hills Ballroom sont toutes très bonnes. Cela frappe aux premières écoutes. Cependant, il faut admettre qu'on perd aussi légèrement en originalité. Sans avoir un sentiment de déjà-entendu, on se dit de temps en temps que les chansons sont parfois assez classiques. Mais qu'importe, Trevor Powers rappelle ici à notre bon souvenir qu'il sait pondre des chansons de luxe, "classique" ou non. L'album est très bon. Un cran en dessous de son prédécesseur, mais très bon quand même.


Très bon   16/20
par WillyB


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