Alvvays

Alvvays

Alvvays

 Label :     Polyvinyl / Transgressive 
 Sortie :    mardi 22 juillet 2014 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Alvvays (prononcé always) était attendu au tournant avec ce premier album. Deux singles efficaces, "Adult Diversion" et "Archie, Marry Me", ont assis un début de renommé pour le groupe issu de Toronto. Alvvays était de plus connecté avec suffisamment de gens influents pour que cette sortie fasse un certain bruit dans l'underground.

Le disque se montre inégal, globalement en deçà des singles précités, avec quelques titres nettement plus faibles ("The Red Planet", "The Agency Group"), mais aussi de vrais tubes ("Next to Kin", "Atop A Cake",...). Des morceaux sans génie mais solides, sublimées par la voix Molly Rankin principal atout du groupe. Les paroles légères évoquant des bluettes sont chantées avec une sorte d'insouciance, une inconscience assez fascinante du monde extérieur qui leur donne un aspect de comptine. Il faut l'entendre faire sa demande en mariage (à Archie donc) comme s'il s'agissait d'une façon de rompre l'ennui, ou une démarche administrative de plus à faire, sans bonheur ni amertume. Un style de chant qui n'est pas sans rappeler les Ramones, qui s'avère plus original qu'il n'y paraît. D'une part parce qu'il n'est pas rare justement que les chanteurs d'aujourd'hui soient trop conscients d'eux-mêmes, et tombe dans la posture. D'autre part parce que les lignes de chant de Molly Rankin sont mieux construites que le tout venant indé, que celle-ci a également le bon goût de chanter juste avec un talent certain pour les refrains accrocheurs.

Derrière sa chanteuse, Alvvays s'inscrit dans la lignée de groupes qui ont cherché à marier avec plus ou moins de succès, la pop des "girls groups" des sixties avec des guitares saturées. Lignée allant, disons, des Ramones à Best Coast en passant par les Vaselines et Beach House. Venant après tous ces groupes, étant moins bons que certains (Beach House et surtout les Ramones), Alvvays peut donner l'impression d'une resucée de groupes des années 90 ayant eux-mêmes le regard fortement tourné vers le rétroviseur. La fraîcheur du groupe n'est cependant pas à négliger. Car si nous parlons de musique pop ici, c'est parler du plaisir sans cesse renouvelé de voir surgir de nouveaux groupes régulièrement dont nous savons pertinemment que la carrière sera courte et le souvenir que nous en aurons éphémère. Dans cette perspective mieux vaut alors un premier album de Alvvays sonnant comme du Best Coast qu'un nouvel album de Best Coast. Mis côte à côte, tous ces groupes se ressemblent, mais découvert année après année, chaque été, ils offrent de petites variations qui accompagnent doucement notre propre évolution. Peu importe alors de savoir que le groupe ne passera pas l'hiver, la musique s'apprécie de manière saisonnière et son aspect prévisible et ce qui la rend immédiatement appréciable.

D'autant plus que le groupe dégage une véritable sincérité dans sa musique. Il suffit de faire un tour sur leur site/blog pour comprendre que les membres d'Alvvays ne rentrent pas dans la catégorie des poseurs. Les nombreuses photos ou vidéos révélant des geeks à la fois très nostalgiques et fanboy du look Daria et des groupes grunges et très actuel dans cette façon de se mettre en scène via internet. En réalité, les membres du groupe donnent l'impression de visiter les années 90 comme on visite Disneyland se prenant en photo dans les tons et les habits d'époque, heureux comme des gamins, dans un perpétuel émerveillement, ils semblent ne pas réellement croire ce qui leur arrive. Leur musique devient alors un prolongement de cette passion, de cette joie qui devient communicative, comme si on leur avait donné l'opportunité d'incarner les Vaselines ou n'importe quel autre groupe du même genre. C'est paradoxalement dans cet espèce de "vis ma vie" de rockeur indé que le groupe se révèle peut-être le plus original.


Bon   15/20
par Eddie


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