Trance To The Sun
Atrocious Virgin |
Label :
Precipice |
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Trance To The Sun est un groupe atypique qui a peut-être atteint avec cet album, au titre malheureusement digne des tourments d'une adolescente en pleine crise de puberté, Atrocious Virgin, l'apogée de son art sombre.
Avec "Sleeping With The Natives", le début de l'album nous plonge aussitôt dans une atmosphère très gothique années 80 : de brèves sonorités froides, heurtées et criantes à la Killing Joke qui se transforment bientôt en nappes plus fluides évoquant assez bien le Cure période Disintegration. Une batterie aux accents parfois tribaux, dans la grande tradition gothique et quelques coups de toms électroniques comme autant de déchirements. Et c'est alors que surgit une voix de femme-enfant envoûtante, celle de Zoe Alexandra Wakefield, très proche de celle D'Alison Shaw de Cranes. Un chant à la sensualité vénéneuse qui va, au fil des morceaux, se révéler être assez unique, parfois angoissé, parfois incantatoire, parfois vindicatif et assurément entier, sincère et charismatique.
Si une certaine douleur quasi-existentielle est sous-jacente à tous les morceaux de cet album, elle tend à être comme sublimée pour atteindre une sorte d'extase illuminée (écouter à ce propos "Map Of The Lost"). Sans pour autant sombrer automatiquement dans la pénitence, cette musique semble aussi être portée par une sensualité enveloppante voire fœtale. Le principe semble évident : on se laisse aspirer par le marécage de la plaie et on se baigne dans sa purulence pour mieux l'apprivoiser et si possible la sublimer en ouvrant une porte sur un ailleurs, en quête de libération.
Au final, une ambiance assez hallucinée, voire quasi-mystique sur certains morceaux et comportant, en tout cas, une bonne part de recueillement. En ce sens, la démarche de Trance To The Sun, est à rapprocher de celle, au mysticisme sombre, mystérieux et nébuleux de groupes tels Wowen Hand, Field Of The Nephilim, ou encore A Moon Lay Hidden Beneath A Cloud. Soit des musiciens pour qui la musique renvoie, à l'occasion, à un élan cathartique, proche du shamanisme, tels ces éminents et influents précurseurs du genre que furent The Doors.
Mais si elle touche à une certaine forme de recueillement et d'introspection, Atrocious Virgin n'en est pas pour autant une musique statique. Bien au contraire, elle reste avant tout une musique en mouvement, principalement insufflé par le jeu spatial, psychédélique, progressif, mélodique voire majestueux (mais jamais pompeux) du très remarquable guitariste Ashkelon Sain. Jeu qui sait aussi se faire répétitif, et à maintes occasions, tourné vers la transe et comme nom du groupe le laissait augurer.
Les rebondissements sont d'ailleurs présents tout au long du disque. Le second morceau "Thistle Lurid" a, par exemple, des atours assez "metal", avec une ambiance plus rude et vindicative (en toute relativité...). Avec "Horse Head Lake", ce sont les arpèges aux tons pastel et éthérés des Cocteau Twins qui pointent leur nez (un des influences majeurs du groupe avec Cure). Le synthétiseur vient parfois renforcer l'ambiance dense, funèbres et quasi cosmique de l'album. Le tout soutenu par une rythmique parfaitement en phase avec les élans aventureux voire vertigineux du couple fusionnel que forment guitariste et chanteuse.
Profondément mélancolique, Atrocious Virgin n'en reste pas moins une musique de contrastes, louvoyant entre clarté et obscurité, angoisse et élévation, repli et sensualité, déchirement et complétude. Comparable sur certains points à un feu qui se consume en tirant son combustible de sa propre fusion. Ecouter, à ce propos, le morceau de bravoure emblématique d'un album qui toucherait presque au vilain mot de "transcendance", "Homewrecker".
Atrocious Virgin, un album à part pour qui souhaite, les jours de cumulo-nimbus, se détendre tout en se laissant gentiment aspirer par le typhon "nombrilique" de sa propre déliquescence. Et avec, en option, la possibilité d'atteindre un certain au-delà de l'angoisse. Dit autrement, ce groupe atypique qu'est Trance To The Sun nous livre ici une authentique réussite en matière d' art sombre en mouvement qui tend vers la lumière... et la trouve parfois.
Avec "Sleeping With The Natives", le début de l'album nous plonge aussitôt dans une atmosphère très gothique années 80 : de brèves sonorités froides, heurtées et criantes à la Killing Joke qui se transforment bientôt en nappes plus fluides évoquant assez bien le Cure période Disintegration. Une batterie aux accents parfois tribaux, dans la grande tradition gothique et quelques coups de toms électroniques comme autant de déchirements. Et c'est alors que surgit une voix de femme-enfant envoûtante, celle de Zoe Alexandra Wakefield, très proche de celle D'Alison Shaw de Cranes. Un chant à la sensualité vénéneuse qui va, au fil des morceaux, se révéler être assez unique, parfois angoissé, parfois incantatoire, parfois vindicatif et assurément entier, sincère et charismatique.
Si une certaine douleur quasi-existentielle est sous-jacente à tous les morceaux de cet album, elle tend à être comme sublimée pour atteindre une sorte d'extase illuminée (écouter à ce propos "Map Of The Lost"). Sans pour autant sombrer automatiquement dans la pénitence, cette musique semble aussi être portée par une sensualité enveloppante voire fœtale. Le principe semble évident : on se laisse aspirer par le marécage de la plaie et on se baigne dans sa purulence pour mieux l'apprivoiser et si possible la sublimer en ouvrant une porte sur un ailleurs, en quête de libération.
Au final, une ambiance assez hallucinée, voire quasi-mystique sur certains morceaux et comportant, en tout cas, une bonne part de recueillement. En ce sens, la démarche de Trance To The Sun, est à rapprocher de celle, au mysticisme sombre, mystérieux et nébuleux de groupes tels Wowen Hand, Field Of The Nephilim, ou encore A Moon Lay Hidden Beneath A Cloud. Soit des musiciens pour qui la musique renvoie, à l'occasion, à un élan cathartique, proche du shamanisme, tels ces éminents et influents précurseurs du genre que furent The Doors.
Mais si elle touche à une certaine forme de recueillement et d'introspection, Atrocious Virgin n'en est pas pour autant une musique statique. Bien au contraire, elle reste avant tout une musique en mouvement, principalement insufflé par le jeu spatial, psychédélique, progressif, mélodique voire majestueux (mais jamais pompeux) du très remarquable guitariste Ashkelon Sain. Jeu qui sait aussi se faire répétitif, et à maintes occasions, tourné vers la transe et comme nom du groupe le laissait augurer.
Les rebondissements sont d'ailleurs présents tout au long du disque. Le second morceau "Thistle Lurid" a, par exemple, des atours assez "metal", avec une ambiance plus rude et vindicative (en toute relativité...). Avec "Horse Head Lake", ce sont les arpèges aux tons pastel et éthérés des Cocteau Twins qui pointent leur nez (un des influences majeurs du groupe avec Cure). Le synthétiseur vient parfois renforcer l'ambiance dense, funèbres et quasi cosmique de l'album. Le tout soutenu par une rythmique parfaitement en phase avec les élans aventureux voire vertigineux du couple fusionnel que forment guitariste et chanteuse.
Profondément mélancolique, Atrocious Virgin n'en reste pas moins une musique de contrastes, louvoyant entre clarté et obscurité, angoisse et élévation, repli et sensualité, déchirement et complétude. Comparable sur certains points à un feu qui se consume en tirant son combustible de sa propre fusion. Ecouter, à ce propos, le morceau de bravoure emblématique d'un album qui toucherait presque au vilain mot de "transcendance", "Homewrecker".
Atrocious Virgin, un album à part pour qui souhaite, les jours de cumulo-nimbus, se détendre tout en se laissant gentiment aspirer par le typhon "nombrilique" de sa propre déliquescence. Et avec, en option, la possibilité d'atteindre un certain au-delà de l'angoisse. Dit autrement, ce groupe atypique qu'est Trance To The Sun nous livre ici une authentique réussite en matière d' art sombre en mouvement qui tend vers la lumière... et la trouve parfois.
Parfait 17/20 | par Slowdown |
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