Abe Vigoda

Crush

Crush

 Label :     PPM 
 Sortie :    mardi 28 septembre 2010 
 Format :  Album / CD   

Où est donc passé le petit Abe Vigoda ?! Il jouait tranquille, dehors avec son Skeleton, à sculpter de petites formes bizarroïdes avec le sable de son bac. Tout au fond, il y avait même trouvé de l'argile, pour ajouter davantage de caractère à ses œuvres déjà surprenantes. Elles étaient minuscules et fragiles, mais transpiraient abondement l'énergie, la folle jeunesse et l'inédit. Ça sentait le rock playmobil à plein nez... Et Suffit qu'on leur tourne le dos, pendant quoi... deux ans, et les voilà qui revendiquent l'âge de raison... Avec Crush, les sales gosses prennent un coup de vieux. Le groupe ne veut plus faire joujoux, il veut niquer des gonzesses, comme Pétaire et Stéveune... Alors adieux le son délicieusement plein de reverbs mal-fichues, bonne bourre les chants approximatifs rafraîchissants, en berne la naïveté des compositions courtes et anti-radiophoniques, salut à toi la naïveté. Les minets ont du épaissir leurs discographies de quelques vieilleries au goût du jour et sans risque pour séduire. The Cure, Depeche Mode, The Smiths... Ha ! Si les espagnols ont découvert l'Amérique, il semble que les californiens on découvert l'Angleterre ! Mais personne n'a pris la peine de leur dire qu'ils sont loin d'être les pionniers, et qu'ils arrivent bien tard. Car les kids prennent tout à coup un virage entre new-wave faussement expérimentale et dance-rock déglingué du bout du nez. Autrement dit, dans le moule ! "Tiens voilà un sot pour tes pâtés de sable mon p'tit Abe : maintenant, ça va être bien droit, bien lisse, ça ressemblera à des pâtés quoi...". Et les chiards ne vont même pas essayer d'égratigner la forme pour en faire quelque chose de personnel...
Sur le premier disque, les p'tits gars découvraient encore ce que c'était qu'un instrument de musique, et c'était rigolo tout plein. Avec Crush, les p'tits cons découvrent la notion d'influences, et on n'est pas loin de s'emmerder. Non pas que les chansons soient mauvaises ou bâclées, c'est que leurs factures vintage sont trop proches de leurs modèles pour éviter le déjà-vu et les oubliettes. Depuis Interpol, Franz Ferdinand et les autres, cela fait tellement longtemps qu'on nous joue l'air de la naphtaline 80 que la naïveté d'AV réside cette fois-ci dans la certitude que ce qu'ils font est pertinent. C'est joli, c'est sympa, mais loin d'être aussi surprenant, foutraque et inventif que Skeleton. Dès "Sequins", on sait que l'album va baigner dans le petit bain de l'imitation. Des véritables pionniers du genre, mais du coup également des premiers arrivés de la brocante 2.0. L'élément le plus traître, en plus de l'écho et des claviers nostalgiques, étant probablement la voix de Michael Vidal. Il ne chante pas, il joue au chanteur, il croone avec des arrière-pensées. La plainte mâchée de Robert Smith domine le disque ("Dream Of Love (Chasing After You)"), avec la participation du souffle précieux de Morrissey ("Beverly Slope"), quand ce n'est pas le trémolo fantomatique de David Bowie ("Repeating Angel"). Si encore tout ça se passait dans le cadre tribal étrange du disque précédent, mais on reste là dans la linéarité polie (voire trop linéaire !) des conventions de la chanson pop modernisée. Il y a bien entendu d'excellents passages, et l'album n'est pas un échec, peut être même une grosse claque pour ceux qui y découvriront la formation. Cela dépendra donc du point de vue, en espérant que quelqu'un de plus enthousiaste nous donnera l'occasion de partager son point de vue dans ces colonnes...

Il y avait quelque chose qui sentait bizarre chez les gosses du Smell et leur appellation "arty", comme un montage jeuniste pour se faire de la pub... Mais c'était bien plus rafraîchissant que l'odeur de rend-fermé de Crush. Ca doit être tous leurs MalDoventre et leurs merdes... Qu'est-ce qu'ils grandissent vite les jeunes aujourd'hui... En 2010, le véritable Abe Vigoda a 89 ans, mais c'est pas une raison pour faire comme les vieux !


Moyen   10/20
par X_YoB


  En écoute : https://abevigoda.bandcamp.com/album/crush


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Laura
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