Be My Weapon

March/2009

March/2009

 Label :     Talitres 
 Sortie :    lundi 25 mai 2009 
 Format :  Album / CD   

David Freel, ça fait dix ans qu'il mène la barque Swell tout seul. Avec des hauts (For All The Beautiful People, Whenever You're Ready), des bas (Everybody Wants To Know) et du correct "plus" (South Of The Rain And Snow). Une constante tout de même dans les deux meilleurs albums précités: la présence d'un membre historique. Le bassiste dans le premier, le batteur dans le second. Mais les deux anciens compères semblent aujourd'hui avoir définitivement quitté le radeau de la méduse, celui-ci s'enfonçant tant et plus dans un oubli terrible. Quand bien même Swell est et restera une pierre angulaire du rock indépendant des années 90.

Aujourd'hui, comme pour conjurer le mauvais sort, comme pour faire semblant de prendre un nouveau départ, Swell change de nom et s'appelle Be My Weapon. Mais rien n'a changé. Enfin si: South Of The Rain And Snow laissait pointer une discrète lueur d'espoir, comme si Freel avait pu penser que son retour inattendu signerait son retour à un succès d'estime. Dans ce March/2009, que du noir profond, du désespoir en barre de mine ; et même un retour à l'artillerie semi-lourde, aux distorsions crades, comme un écho lointain des premiers albums magiques.
Et pour la première fois depuis longtemps, le Californien est d'une exigence mélodique (presque) implacable. Le sachant sans doute, il se permet même une petite folie rédemptrice, d'entrée de jeu, avec les quelques arpèges malingres de "Come Livid", joués ad libitum. Ici c'est magnifique, quand un morceau à peu près similaire ("Kicking All Them Ghosts") passait pour de la fainéantise sur South Of The Rain And Snow. Pourquoi ? Et bien on imagine que cela passe par de petites choses, presque imperceptibles: un chant maussade mais intense, un son simple mais finement travaillé.

Ainsi, le long de March/2009, Freel ne cède jamais à la facilité, ne laisse jamais tourner ses chansons en roue libre, sachant s'entourer quand il faut des meilleurs compagnons. D'une batterie sèche comme du bois mort, d'un synthé cheap par ci. D'un solo minuscule, d'un débordement vocal, d'une distorsion passagère par là. Il fait donc naître l'émotion par bribes, et à nous de les raccrocher les unes aux autres. Ce n'est jamais évident, les structures des morceaux sont souvent évolutives; mais l'ensemble est d'une cohérence telle qu'on se plonge finalement assez rapidement dans ces morceaux langoureux et chaleureux.

Au final, c'est donc un beau paradoxe temporel que ce March/2009: David Freel aura mis près de 10 ans à se sortir artistiquement de cette décennie, beaucoup plus ingrate pour lui que la précédente. Souhaitons-lui par avance d'aussi beaux mois de mars pour celle à venir...


Parfait   17/20
par Jekyll


 Moyenne 16.33/20 

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Posté le 10 décembre 2009 à 14 h 39

Depuis 1990, David Freel évolue au sein d'un univers bien délimité, dans lequel il nage comme un poisson dans l'eau. Sans jamais déroger à une recette de base (guitare, basse, batterie, un peu le lait-œuf-farine de la pop) il publie avec ses compères, sous le nom de Swell, des albums variés, tristes et lumineux, ou apaisants et obscurs, comme vous voulez.
Cette fois-ci, il décide de sortir un disque en solo sous le nom de Be My Weapon, en catimini, sans rien dire à personne. Il n'est même pas crédité sur la pochette, qui se réduit à sa plus simple expression. Une rupture définitive avec ce qu'était Swell après un dernier album (South Of The Rain And Snow) qui semble marquer le pas ? Même pas. Au contraire, on est là beaucoup plus dans la continuité de ce qu'était Swell avant South.... A savoir, un retour à plus d'électricité, certains riffs –voire carrément certaines compos – pouvant remémorer le 41 ou le Too Many Days Without Thinking.
Alors, ceux qui attendent un disque suintant le génie à la première écoute pourraient bien être déçus: March/2009 n'est pas un album de tous les superlatifs, pas un album de l'extrême, rien qui ne puisse combler le manque d'excitation qui appelle la satisfaction du plaisir immédiat. Il faudra sans doute un peu de patience, et plusieurs écoutes, pour véritablement apprécier la sobriété des compositions et de l'instrumentation.
Sous une apparente fadeur, les titres révèlent leur saveur à l'écoute : quelques notes de guitares qui pouvaient paraître d'une bête banalité au premier abord prennent au fur et à mesure tout leur sens et, à l'écoute suivante, on les attend avec impatience. L'ensemble de l'album se déroule sans à-coups, sans heurt, et dans une ambiance calme, Freel nous chante ses comptines pour adultes.
Là où on se demande où Freel veut en venir, ce qui relève de l'incompréhensible, c'est l'utilisation de ce patronyme pour un disque qui ressemble plus à un retour en arrière qu'à une émancipation dans un projet parallèle. Si un disque avait dû être sous le nom de Be My Weapon, c'est bien South Of The Rain And Snow, "l'album le moins autobiographique mais le plus personnel que j'aie jamais fait", affirme Freel dans ses notes de pochette.
Je suppose que c'est une façon de mettre la longue aventure Swell de coté... pour un temps du moins.
Très bon   16/20



Posté le 18 mai 2010 à 04 h 22

Quelques mois après la résurrection de Swell et le magnifique South Of The Rain And Snow, David Freel revient caché derrière un patronyme énigmatique mais armé de dix chansons époustouflantes. Ce March2009 sombre et lancinant gagne en intensité à chaque nouvelle écoute et confirme la grande forme actuelle de l'auteur (dont le relatif anonymat est une aberration). Musicalement parlant on ne s'éloigne pas beaucoup du son classique de Swell, avec une production assez minimaliste et un travail de composition plein de finesse. On retrouve des parties de guitares particulièrement soignées, tour à tour hypnotiques ou envoûtantes, parfois superbement mises en relief par la batterie - mais en fin de compte c'est essentiellement la voix de Freel qui rend ce disque si touchant. On en redemande!
Très bon   16/20







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