Dan Deacon

Bromst

Bromst

 Label :     Carpark 
 Sortie :    mercredi 25 mars 2009 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Par où commencer? Je sais Xsilence demande d'argumenter son propos quand on rédige une chronique mais lorsque la musique d'un artiste comme Dan Deacon sort des enceintes de ma chaîne haute fidélité je cherche les arguments, les choses terres-à-terres.
Mais je vais essayer malgré tout.
Dan Deacon a donc fait le conservatoire de musique de Purchase duquel il est sorti diplômé d'études électro-acoustiques et MAO, un diplôme de composition sur ordinateur. Après avoir sorti une dizaine d'albums, compilations, Ep et autres, il arrive à Bromst. Je ne vous mentirai pas je n'ai pas écouté ses albums précédents. Mais, je me dis que cette école de Purchase doit avoir de sacrés bon professeurs, parce qu'ici Dan Deacon nous montre qu'il est encore possible d'inventer quelque chose en se creusant la tête et faisant appel à des instruments courants comme le piano, mais en les faisant sonner comme jamais, grâce à l'apport d'une interface midi reliée à un ordinateur. Cette dernière fait jouer au piano un nombre de notes à la minute qu'aucun être humain puisse réaliser.
Voilà enfin quelqu'un qui sait marier instrument organique et ordinateur pour en faire quelque chose d'unique et pas seulement un sample de plus.
Bromst est donc un grand disque fou, évident, lumineux, envoûtant, un moment à part dans le paysage musical actuel.
Ici chaque morceau contient son lot de folie: pas de facilité, les titres de moins de 5 min sont rares et quand les titres se font plus courts ça nous donne "Wet Wings", un morceau basé sur un seul et même sample de voix trituré pour donner comme une pause au milieu de ce bazar de sons composés de piano xylophone et autre percussion.
Mais l'achat de ce disque est obligatoire pour trois titres en particulier: un enchaînement de trois perles, trois morceaux hors du temps, placés en plage 4, 5 et 6 de Bromst, ces 22 minutes de musique transportent l'auditeur vers d'autres horizons, chacun de ces trois morceaux est caractérisé par une chose; un instant dans le titre ou notre cerveau part se coller en haut de notre crâne pour ne plus en redescendre. Forcément la suite parait moins belle, moins euphorisante, mais reste quand même de qualité des titres comme "Woofwoof" ou "Get Older" gardant cette folie si particulière à la musique de Dan Deacon.
Un album magique durant sa première moitié et seulement excellent après.


Parfait   17/20
par Flourent


  En écoute : https://dandeacon.bandcamp.com/album/bromst


 Moyenne 17.00/20 

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Posté le 22 juin 2009 à 19 h 41

Il est toujours difficile de faire la critique d'un album lorsque celui-ci est immédiatement associé à une expérience de concert incroyable. N'ayant entendu que quelques échos rapides et délétères au travers de la porte fermée de la chambre d'un colocataire ermital, où je cru pour de bon que celui-ci crucifiait à la chaîne de minces chatons cristalins, je ne connaissais que très rapidement Dan Deacon avant de le voir à la Villette Sonic. Il m'avait plu sans pour autant m'enthousiasmer outre mesure. Seulement là était réuni un nombre de conditions incroyablement favorables à la digestion d'un gros Dan sauce The Ensemble (j'avais pris en entrée un feuilleté de Monotonix sur son foutre de Lighting Bolt). Donc me voilà devant la scène, les 12 batteries et les 50 synthétiseurs sont parés, le chef d'orchestre se lance, je ne comprendrais ce qui m'arrive que deux heures trop tard. Je me réveille donc avec un vague souvenir où persiste l'impression floue d'avoir subi l'assault d'une orgie de sons dans lesquels je ne me repère qu'avec de grandes difficultés.

Direction le disquaire le plus proche, (en l'occurrence Barcelone) et me voilà en possession des deux albums du Deacon. Si je choisis ici Bromst, c'est d'abord et sûrement par une affinité toute personnelle, mais peut être aussi parce qu'il me semble un peu plus abouti, tant dans la texture des sons (que ce soit les synthétiseurs ou les percussions) que dans la structure des morceaux. Sans pour autant enterrer Spiderman Of The Rings, il en poursuit la démarche, accentue les expérimentations, continue l'exploration, certains morceaux de Bromst venant construire des ponts avec son prédécesseur à des moments identiques des deux albums. On pense à "Snake Mistakes"-"Pink Batman" pour le premier et "Woof Woof"-"Slow With Horns/Slow With Horns" pour le second. Les premiers titres étant tous deux construits autour d'une ligne de basse très "slidée" et liquide qui dessine la mélodie et soutient le reste du morceau ; alors que les seconds plus calmes et enlevés, structurés comme une lente montée en direction d'un flot de couleurs musicales que le plus paléolithique des penseurs new age n'aurait su méditer.
Mais là où Spiderman évoque assez vite DEVO, c'est bizarrement à Steve Reich que l'on pense d'abord en écoutant Bromst. Il nous rappelle ces longues plages où seulement une ou deux notes sont tenues pour finalement se démultipier à l'infini, sortes de pulsations cosmiques déversant un flot gigantesque de sons dans lesquels l'oreille semble s'atomiser pour doucement se reconstruire. Il évoque le phasage/déphasage de l'auteur américain et "Wet Wings" n'est pas sans rappeler le fameux "It's Gonna Rain" du célèbre minimaliste. Mais n'allons pas trop loin dans la comparaison, car c'est d'abord vers la pop bruitiste que Dan Deacon se dirige.

Rassembleuse, joyeuse, parfois à la frontière d'une naïveté qui n'est pourtant pas dépourvue d'une mélancolie toute relative, l'on se demande s'il n'y a pas une pointe de nostalgie dans la musique du bonhomme de Baltimore. Cette nostalgie des morceaux comme "Build Voice", "Snookered", "Of The Mountains", c'est celle qui vient nous rappeler qu'enfant, on n'était pas plus con, pas moins heureux et qu'on avait sûrement un brin d'energie en plus. Dan ne l'a pas perdue et nous invite à son goûter d'anniversaire, il n'est pas nécessaire de préciser qu'il faut venir nombreux.
Parfait   17/20







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