Shack

H.M.S. Fable

H.M.S. Fable

 Label :     London 
 Sortie :    lundi 21 juin 1999 
 Format :  Album / CD   

Sans doute l'une des plus belles couv' d'un magazine rock. Le 23 octobre 1999, le NME affichait en gros plan le visage d'un homme, la quarantaine, les traits fins, la barbe mal découpée, le regard amorphe, l'air fatigué mais serein. Le visage d'un homme qui pourrait être aussi bien le clodo d'en face que le commis de boucherie du coin. Un visage de petites gens. La légende, en lettres capitales rouges, comme une sentence : 'this man is our greatest songwriter' ('greatest' écrit en plus gros, histoire de bien faire comprendre qu'on plaisante pas) ; suivi de la question qui tue : 'recognise him ?'.
Combien de gens ont répondu par l'affirmative ? Sans aucun doute possible : très très peu... C'est vrai, Michael Head n'a jamais été non plus d'un charisme évident. Mais même s'il avait eu la gueule de Johnny Rotten, à coup sûr que ça n'aurait pas changer grand chose. En 1999 (mais est-ce si différent aujourd'hui ?), cet homme-là, pourtant responsable principal d'au moins 3 chef-d'œuvres, n'est pour beaucoup de monde (trop de monde) qu'un anonyme pur sang même en sa patrie. Alors que le NME en fasse (enfin) son buzz de la semaine, c'en est presque déconcertant.
Fin de siècle, Shack se reforme donc. Presque 2 ans après la parenthèse enchantée des Strands, les frangins Head nous reviennent avec cet H.M.S. Fable loué en gros titre. Et ça se comprend. C'est un disque de son temps. Un disque britpop, totalement britpop. Pleins (trop) de guitares, pleins (trop) de cordes, pleins (trop) de refrains nasillards et mêmes quelques touches electro (c'était la mode)... On nous dirait que ce serait du Oasis, voir The Verve, qu'on n'en serait pas étonné. Peine à le croire. Shack, qui hier nous étranglait le cœur avec rare tendresse, préfère maintenant nous masser le coup avec la finesse d'un Rugbyman.
Bien sûr, tout cela est très joli ('our greatest songwriter' quand même). Un bon disque, fourmillant de fulgurances ébahissantes (l'humeur aquatique de "Captain's Table", les trompettes bachariennes de "Reinstated", les 'tralala' traficotés de "Lend's Some Dough"...) mais qui, en clair, manque de lumineuse subtilité. "Daniella", le fin de mot de l'histoire confirme : c'est quand Michael Head nous brode des chansons de Cosette et prend sa voix de Gavroche agonisant, qu'on le préfère. Et de loin.


Bon   15/20
par Sirius


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