Sébastien Schuller

Plongée labyrinthique dans des profondeurs électroniques et acoustiques, Happiness parcourt un voyage superbe au sein d'abysses sonores voluptueux, véritables abîmes de perplexité pour l'auditeur. Immersion totale donc pour un premier disque prometteur dans des sphères à la fois organique et aquatique pourtant crées essentiellement à base de samples, mais, qui ont la délicatesse d'être discrets et de se répandre de manière diffuse et homogène tout au fil de cette ballade au gré des courants. Courants nostalgiques ou flots mélancoliques, la traversé en compagnie de Sébastien Schuller n'est que plus belle. Sa musique en appelle à l'éveil des sens et à une certaine impression d'insécurité continuelle, ou tout au moins d'appréhension permanente. Entre sifflements ("Weeping Willow" nocturne et atrabilaire) et hurlements lointains (le lycanthrope "Wolf"), on se trouve souvent confronté à des ambiances claires obscures avec par exemple le vertigineux "Where We Had Never Gone" aux nappes pesantes, difficile à cerner, ou encore la splendide et délectable "Edward's Hands" tout droit sortie d'un manoir en décrépitude mais ô combien entraînante. On retrouve néanmoins rapidement nos repères grâce à un piano omniprésent réconfortant ou des compositions comme "Tears Coming Home" plus légère et "Ride Along The Cliff" elle trop artificielle qui aurait mérité de tomber du haut de la falaise. Notre impression globale n'en est pas pour autant affectée heureusement, le français à la voix épurée, lorsqu'il se laisse à chanter, signe ici un doux récit entre calme et tourments qui nous fera à l'avenir apprécier le temps maussade et pluvieux.