Sayem

Phonogénique

Phonogénique

 Label :     Pour Ouvrir Une Parenthèse 
 Sortie :    lundi 23 avril 2007 
 Format :  Album / CD   

En 2006, le DJ Toulousain Sayem monte sur Paris pour y tenter sa chance. Il y rencontre le producteur Jeff Dominguez (DJ Mehdi, Diam's...) avec qui il enregistrera son premier album Phonogénique. Mais il se fait d'abord connaître par le biais de la pub, avec la composition de "World Of Flowers" pour Nokia et l'utilisation de "Superficiel" pour la Coupe du Monde de Rugby.

Passée cette intro, on peut se demander qu'est-ce que Sayem peut bien faire sur X-Silence, ce qui est compréhensible, mais si j'ai décidé de le proposer et de le chroniquer, c'est bien qu'il y a un "mais". Plus influencé par DJ Shadow et Massive Attack que par nos superproductions nationales bien fades, Phonogénique est un condensé plutôt réussi d'influences hip-hop, rock, électro, trip-hop, où la sensibilité à fleur de peau de l'artiste ne fait aucun doute.
L'ouverture toute en douceur de l'album, c'est "World Of Flowers" (tiens, justement!), qui laisse présager un disque atmosphérique de haute tenue. Les samples d'une voix féminine éthérée viennent se poser sur un beat nonchalant et des petites notes délicates comme des gouttes d'eau. Puis le rythme s'emballe, les scratchs font leur apparition sur la fin du morceau. Très sympathique! Puis vient "Superficiel", sorte de croisement hybride entre la puissante mélancolie analogique de M83 et les sons de batteries énormes de DJ Shadow. Pas de problèmes, je suis conquis, je plane... On enchaîne sur "Orchestra", petit bijou aux sons d'orgues d'église, plus survolté, le morceau où DJ Shadow est le plus présent...

A partir de la piste 4, le disque change de direction. La musique se fait plus directe et dansante, les éléments hip-hop sont nettement plus mis en valeur.
La mélancolie s'efface pour laisser place à un mix ludique. Puis les rappeurs de La Caution rejoignent Sayem pour interpréter "La Culture", morceau hip-hop heureusement peu orthodoxe, à l'atmosphère paranoïaque et sournoise.
La deuxième collaboration suit, "Il était une fois" avec Lilou et Grain d'Caf. Autant la douceur désabusée de la voix de Lilou procure un sentiment de tristesse indicible, autant la voix du rappeur peine à toucher, en raison d'un phrasé pas très net, un peu tiède et qui frôle le chiché du genre. Le texte, d'ailleurs ne m'a pas convaincu, trop simpliste dans sa louable volonté de décrire la violence sourde qui règne à Paris. Dommage, ce morceau avait un potentiel gigantesque.
La suite du disque se recentre sur les instrumentaux. L'enchaînement entre "Il était une fois" et "Record" est à noter, car il me semble vraiment très malin. D'un zoom sur deux individus parisiens qui chantent en duo, la caméra prend de la hauteur et se met à planer au dessus des immeubles à travers "Record". Ce morceau est fluide, nocturne, instille une magie étrange. Cependant, on reconnait un peu trop le début du premier album d'Archive... Mais je ne vais pas trop critiquer une influence trop visible, le morceau à défaut d'être vraiment personnel est magnifique.
"C'est Un Beau Jour Pour Mourir" est d'une d'une douceur qui laisse ressentir toute la douleur du monde, la caméra se pose sur des enfants pleurant (dans un bidonville?). Ensuite vient "Phono", dub-electro pas très original mais néanmoins agréable, qui prolonge la mélancolie qui s'est emparée du disque.
Les deux derniers titres régressent vers un univers enfantin, qui atteint son paroxysme sur la conclusion, "Ma Vie Est Un Cartoon", avec son bruit de train électrique, son synthé à 2 balles, ses zigouigouis franchement rigolos. Mais le rire se coince un peu dans la gorge en entendant un autre rire (celui de Sayem?) completement déjanté, ou plutôt ravagé.

Ce disque a pour moi un défaut et une qualité.
Le défaut qui n'en est pas vraiment un, est que c'est un premier album qui cite beaucoup d'artistes, qui sont bien trop indentifiables à certains moments. Ce n'est pas trop grave, surtout si il s'agit d'artistes que j'aime énormément et qui ont fait avancer la musique électro dans les 90's. Sayem se cherche...
La qualité est que ce disque semble nous raconter une histoire. Celle d'un Sayem à la fois fasciné et repoussé par la mégapole. La grande ville est envahie par une végétation anarchique sur la magnifique pochette. La cité urbaine se matérialise dans les sons, est critiquée dans les mots, et finit par être repoussée par l'innocence de la fin du disque, comme si il nous happait pour revenir à un cocon de naïveté, tout en sachant que ce cocon est impossible à retrouver (le rire de démence à la fin renvoie probablement à ça).
Le disque évoque donc l'enfance perdue avec une sensibilité qu'on trouve rarement dans l'electro française.

Malgré quelques fautes excusables, j'attends de pied ferme la suite qui promets d'être magique. Je suis sûr que Sayem est sur le point d'affirmer mieux une forte identité musicale...


Bon   15/20
par Sam lowry


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