Jeffrey Lee Pierce

Ramblin' Jeffrey Lee & Cypress Grove With Willie Love

Ramblin' Jeffrey Lee & Cypress Grove With Willie Love

 Label :     Triple X 
 Sortie :    1992 
 Format :  Album / CD   

Depuis le temps qu'il en rêvait... Un album de blues, un vrai. Jeffrey Lee Pierce s'offre en cette année 1992 pour son deuxième album solo (et son dernier), un retour vers ce pan entier de la musique américaine qui ne cessa de le fasciner et de nourrir sa sève créatrice, que ce soit seul ou armé de son Gun Club.
Parti enregistré en Hollande, Jeffre Lee Pierce reprend pour l'occasion son pseudo de critique rock d'avant : Ramblin' Jeffre Lee (Cypress Grove est à la guitare et Willie Love à la batterie). Et oui, c'est qu'avant de subjuguer les clubs de Los Angeles de sa voix pénétrante, Jeffre Lee Pierce usait de sa plume, que l'on imagine passionnée, dans un fanzine. Un érudit obsessionnel qui contait l'histoire poisseuse de son blues fétiche, le Delta.
Ce Blues terrien gorgé de légendes faisant intervenir le diable, l'âme et une histoire faustienne de vente à l'arraché. Pas étonnant donc que l'on retrouve "Pony Blues", classique de la figure tutélaire du Delta Blues, Charley Patton. La version qu'en donne Jeffrey Lee Pierce est simple, dépouillée, presque imitante. Voilà la seule et unique (et légère) déception de ce disque... On se souvient de l'énorme gifle punk qu'avait infligé le Gun Club sur son premier album au "Preachin The Blues" de Robert Thompson, créant ainsi le blues-punk dont Jack White et consorts essaieront vainement de ramasser les cendres. Là, il n'en est rien. Jeffrey Lee Pierce veut faire un album de blues, un vrai...
Ce qui n'empêche pas le dit homme d'apposer sa couleur personnelle sur chacune des reprises (9 sur 11 titres). Reprises de bluesman connus par tous (du moins ils devraient l'être): Lightnin' Hopkins ("Good Times", presque rockabilly), Howlin Wolf ("Moanin' in the moonlight"), Skip James ("Hardtime Killin' Floor Blues", beau à en pleurer...). Mais reprises également de trucs obscurs de chez obscures. A commencer par Don Nix, l'ex-Mar-Keys (mais si... les Mark-Keys... "Last Night" !... vous connaissez... obligé) fut coupable en 1972 de pondre une des plus grandes chansons du blues, le magnifique et si simple "Goin' Down". Un titre qui lui va à ravir à Jeffey Lee Pierce mais pas autant que le swamp blues de Lightnin' Slim, "Bad Luck And Trouble". Ambiance humide de fin d'après-midi dans le marais cajun qui colle si bien à ce sudiste chamanique de Jeffrey.
Changement de décor avec la country blues de Robert Wilkins, "Alabama Blues". Curieusement Jeffrey Lee Pierce lui enlève son blues pour n'y garder que country. Encore plus obscure peut-être, Willie Brown. Le bluesman a joué avec les trois grands du Delta Blues (Charley Patton, Son House et Robert Johnson) mais n'a jamais bénéficié de la même reconnaissance pour cause de catalogue réduit. Et pourtant son seul "Future Blues" est dyonisaque à souhait. Et les compos perso me direz-vous ? Eh bien les deux chansons que nous refilent Jeffrey Lee Pierce en fin d'album valent largement le détour. Surtout "Stranger In My Heart", réellement magnifique.
Ramblin'Jeffrey Lee & Cypress Grove With Willie Love est avant tout une formidable pompe à plaisir pour son auteur. Un disque onaniste certes. Mais à vrai dire, le client en prend également pour son argent, heureux qu'il est de découvrir ou de redécouvrir le blues sous la patte, caressante, de Jeffrey Lee Pierce.


Très bon   16/20
par Sirius


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