Heavenly

Heavenly Vs Satan

Heavenly Vs Satan

 Label :     Sarah 
 Sortie :    janvier 1991 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Lorsqu'on pense à Mathew Fletcher, on ne peut qu'éprouver un pincement au coeur. Le suicide de ce batteur/songwriter restera à jamais comme une perte inconsolable. Qu'est-ce qui se cachait donc derrière sa musique si tendre et innocente ? Beaucoup de mélancolies sans doute mais qui se dissimulaient sous des dehors avenant et chatoyant.
Les douces et gentilles chansons du groupe Heavenly ne font de mal à personne, tant elles débordent de sucreries et de soleil. Sur leur premier album, Amelia Fletcher joue les filles candides et rafraîchissantes. Son chant innocent est un vrai bonheur pour les oreilles : du velours caressant. Ce groupe culte mais absolument méconnu fascine par la simplicité de son jeu, transformant la pop en quelque chose d'enfantin, de rêveur et de naïf. Ça parle d'amour, de surprises et de pleins de bonnes choses à l'intérieur encore.
Rob Pursey impulse un rythme tout à fait léger à sa basse, véritable anthologie du son 'twee pop' à lui tout seul, tandis que la guitare indulgente et doucereuse de Peter Momtchiloff carillonne à tout va. Il est capable de gratter ses cordes une à une pour les faire sonner comme des clochettes. Quelques fois la voix d'Amelia se fait plus éthérée, gracieusement dédoublée en chœur. Les titres sont de purs consommés de délicatesse, du genre qu'on fredonne lorsqu'on se laisse aller et qui redonne le sourire. Ça regorge de mélodies qui s'entrelacent, font l'amour et vagabondent dans des étreintes romantiques. Jamais ça ne dépasse d'un ton, jamais ça ne se précipite, jamais ça n'oserait rompre le charme. Mathew Fletcher, tout en retenue, donne tout ce qu'il faut de mesure à son jeu de batterie pour enchaîner frénésie exaltée et relâche affectueuse. Les titres deviennent savoureux par leur dynamique cristalline.
Beaucoup ont reproché à cette pop d'être trop mièvre. On a comparé souvent la musique de Heavenly (et d'autres groupes du même acabit comme The Orchids, Another Sunny Days ou The Blue Boys) à ‘des jeux de touche-pipi sous la couette de Sarah Records' et c'était sans doute vrai. A voir la dégaine post-adolescente de ces gens-là (des anciens de Talulah Gosh, une autre formation légendaire), cheveux courts, grosses lunettes et look d'étudiants, on sent bien qu'ils aimeraient se lover encore dans les affres de la jeunesse. Peut-être est-ce ce qui a rendu Matthew Fletcher si malheureux : être obligé de grandir...
Mais le groupe aura pourtant réussi comme aucun autre à exprimer le plus justement possible toutes les aspirations qui touchent le cœur.
Une musique enjouée qui soulage, invite à l'évasion et élève la sensibilité au rang de cadeau du ciel. Pour ne jamais oublier qui nous sommes. Et ne jamais l'oublier, lui, Mathew Fletcher, qui cachait si bien son désarroi.


Parfait   17/20
par Vic


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