Luc Ferrari

Danses Organiques: Cinéma Pour L'oreille

Danses Organiques: Cinéma Pour L'oreille

 Label :     Elica 
 Sortie :    1999 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

C'était un trajet en bus, longue distance, un Paris Lille, comme j'en ai souvent fait. À la différence près que j'étais tout au fond. En temps normal, comme je suis un petit malin, j'arrive toujours à me faufiler pour shotgun les meilleures places, plus ou moins selon ma ponctualité et selon le nombre de sièges libres, mais en tout cas ce trajet-ci était le premier où je me retrouvais sur le banc du fond, dans la rangée à 5 places, avec un voisin à droite et un voisin à gauche. Enfin en l'occurrence deux voisines. Très désagréable pour le gros matou que je suis, qui aime bien s'étirer et prendre toute la place possible sur deux sièges. Mais passons.

Ce trajet là, j'avais prévu d'écouter du Luc Ferrari. Il y a peu j'avais découvert deux autres de ses collages, Les anecdotiques ainsi que Presque rien, tous les deux magnifiques à leur manière, et en piochant un peu au hasard j'avais fini par télécharger les Danses organiques. Sans rien savoir à propos du concept, ou quoi qu'est-ce. Le concept, Ferrari l'explicite volontiers lui-même entre deux séquences de percussions tribales et de notes d'orgue : il a confié deux micros à deux femmes, chacune ayant prévu de rencontrer l'autre. Il leur a demandé d'enregistrer cette rencontre. Ainsi les Danses organiques consistent simplement en des extraits du dialogue entre nos deux protagonistes, entrecoupées de phases de percussions.

Les deux discutent, l'une timide, l'autre amusée et nonchalante, et très vite se tournent autour ; s'interrogent sur leur rapport aux hommes, aux femmes, partagent et comparent leurs expériences amoureuses, sensuelles. On entend leurs corps se rapprocher graduellement, leurs voix gagner en lascivité, et bien entendu ce qui devait arriver arriva, ce sont bientôt des soupirs, des caresses, des gémissements que nous entendons, alors que les percussions et l'orgue, malicieusement insérés par le loustic Luc, se font de plus en plus furieux.

Troublé, voire terrifié à l'idée que mes voisines n'entendent ne serait-ce qu'un filet de son qui se serait échappé de mon casque, je reste pour ainsi dire raide et tendu sur mon siège durant tout le trajet. D'une coïncidence cocasse est née ce petit souvenir, d'une rencontre espiègle avec l'un des nombreux travaux sensuels de Luc Ferrari.


Très bon   16/20
par X_Wazoo


  Vous pouvez retrouver ce texte narré et mis en musique ici : http://www.xsilence.net/news.php?996#n996


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