Bodycount

Carnivore

Carnivore

 Label :     Century Media 
 Sortie :    vendredi 06 mars 2020 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

Tu es fatigué de l'air du temps ? Tu as des pulsions de violence lorsque tu croises ou tu entends un mec qui travaille dans une start-up, clâmant haut et surtout très fort qu'il part en " Staycation " , hors de son " Workplace ", pour se détendre de son travail de " Chief Happiness Officer " ou qu'il a besoin de temps pour démarcher des " Early Adopters " ? Le genre de gars qui est en " Disruption " avec lui-même et qui part en réalité dans la résidence secondaire de la cousine d'une copine qui connaît la sœur d'un gars qui possède la dîte résidence, située en bord de mer,et qui va en fait allègrement réviser son Banjo à la plage tranquilou, en scrollant sur ses applis  (celle qui t'explique à quelle heure chercher tes gosses à l'école ou qui t'enseigne comment préparer un Dahl de lentilles au corail ?!). Oui, tu voudrais lui faire avaler son portable en mode " vibreur " et l'appeler jusqu'à ce qu'il change de coiffure, de look, de ton, de gueule, de mode de vie et de style de musique...

Tu en as plus qu'assez du mot " SOLIDAIRE ", surtout lorsqu'il est associé, là encore, avec une application, et qu'il est vanté avec une sentimentalité mielleuse insupportable ?

Tu ne comprends pas l'engouement pour les Smoothies aux fruits et aux légumes à 19 euros, alors qu'à ce prix là tu peux te faire une excellente bavette avec un vin très honnête et un très riche et généreux accompagnement ?!

N'aies crainte, tu n'es pas seul. En effet, Ice-T, bien qu'à l'abri dans sa luxueuse villa et sous le, lui aussi riche et généreux, 100 DD de son épouse a pensé à toi. Lui aussi, bien qu'embourgeoisé sur tous les plans, il en a plein le cul.

Il en a tellement plein le luc que pendant les années 2010, il aura sorti 3 albums avec son combo ressuscité Body Count pour te balancer du Rap Core bien lourd Métal, pour lancer du Mosh à ce monde moche. Eux aussi, ils sont solidaires et tout le monde en prendra dans sa gueule.Carnivore, c'est son régime Comme J'Aime.

Mais là, il faut être honnête : si Manslaughter était une belle surprise et promesse, que Bloodlust persistait et signait avec des grosses couilles, on pourra être déçus avec ce Carnivore. Déçus car la formule devient trop utilisée (mélange de morceaux originaux et de standards du genre avec Featurings à la pelle) : ici par exemple, si la reprise d' "Ace Of Spades " reste sympa (parce que le morceau de base l'est), elle n'apporte rien de bien neuf (on pourrait même imaginer " Love Me Like A Reptile " à la suite, à moins que ce ne soit qu'un pur réflexe d'auditeur). Et puis qu'est-ce qu'Amy Lee d'Evanescence (oui, ce groupe qui aura partiellement pourri l'été 2003 avec " Bring Me To Life ") vient foutre ici ?! Au départ " When I'm Gone " a dans le texte et la musique de bonnes intentions qui font le taf, mais tout finit par être gâché et noyé dans un truc Néo-Métal pour ados pathétiques de 35 ans...
Heureusement, la présence de Dave Lambardo et de Riley Gale en tant qu'autres invités redresse la barre (de fer), et " Colors 2020 " et " Point The Finger" deviennent ainsi des morceaux beaucoup plus sympathiques à écouter dans la violence.
Carnivore perd quand même en cohérence par rapport à ses deux prédécesseurs, de par la présence de morceaux plus maladroits ou malvenus (" Another Level " dont le refrain est à éviter, le déjà cité " When I'M Gone "), tandis qu'il y avait vraiment peu à jeter auparavant.
Ces quelques maladresses écartées, on reste dans le domaine du jouissif avec un bon, voire très bon début (l'enchainement " Carnivore "- " Point The Finger "- " Bum Rush "), et des titres directs et Old School (" The Hate Is Real ", " No Remorse ") qui feront toujours plaisir, alliant puissance et simplicité, et toujours marrer au point de se remettre l'album plusieurs fois (en zappant précautionneusement les titres malheureux évoqués plus haut...).
Si les albums des années 2010 de Body Count étaient considérés comme une trilogie, on pourrait alors la comparer à celles des films Expendables: le premier expose un retour d'anciennes gloires avec des idées cool, le deuxième pousse le curseur beaucoup plus loin de manière à la fois un peu ridicule et totalement jouissive, et le troisième tombe dans la redite en perdant quelque peu sa magie...

Voilà cette chronique aura un peu parlé de viande, d'alcool, de guitares lourdes et de poitrine qui l'est tout autant...Et encore, il ne fut pas mentionné au début cet énervement quand vous vous achetez des clopes (oui, c'est pas bien de fumer) et qu'il y a un mec ou une nana devant vous qui met des plombes à acheter des jeux à gratter, et qui en reprend, encore, toujours, à jamais...Si au moins Body Count peut servir à se calmer en sortant de ce genre de situations (et du Bar Tabac), c'est déjà ça. Pour le reste, à vous de juger si boire, manger de la viande et se perdre dans les autres paradis terrestres est devenu complètement "Réac N'Roll"...


Pas mal   13/20
par Machete83


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