Inter Arma

Je pense l'avoir déjà dit mais il existe encore des labels qui font passer la qualité musicale avant le profit immédiat. Relapse est de ceux-là, chacune de ses signatures étant un gage de talent, quel que soit le style pratiqué. Avec Inter Arma, l'une des dernières recrues, nous allons plonger dans une musique plutôt en vogue qui mélange les genres de l'extrême pour expectorer une tambouille épaisse. Ainsi, Paradise Gallows brasse le Sludge, le Doom, le Death-Métal, quelques éléments Post, ces derniers étant suffisamment discrets pour ne pas amoindrir la volonté première : la violence.
En effet, malgré l'introduction trompeuse ("Nomini") et quelques velléités mélodiques dans les solos ou les passages plus atmosphériques, c'est bien les rythmiques pesantes et les vocaux gutturaux qui prédominent tout au long de ces neuf longues compositions. Alors bien sûr les influences sont là : je pense parfois à Portal ("Transfiguration") pour les riffs bizarres, à Mastodon pour les aspects mélodiques, à la pesanteur d'un My Dying Bride dépouillé de son emphase et du violoncelle, aux vieux Neurosis lorsque des guitares pachydermiques bouclent sur elles-mêmes, autant de référence qui n'enlèvent pourtant rien à la personnalité d'Inter Arma.
Car ce n'est pas tout que de prétendre mélanger les genres, il faut encore être en mesure de se les approprier, d'en faire quelque chose de plus qu'une simple copie froide et fade et les Américains ont ce fameux "supplément d'âme" qui fait si souvent défaut. L'album n'en est pas pour autant indiscutable : un peu trop long, avec des titres secondaires ("The Summer Drones", voire l'instrumental "Potomac" qui aurait plutôt fait une belle outro), peut-être que le tout aurait gagné à être plus compact. Mais avec une pochette aussi belle, de l'inspiration à revendre et un sens des ambiances mortuaires digne du meilleur Funeral Doom, Paradise Gallows mérite de jouer le podium 2016 dans la catégorie Sludge sale.
En vous souhaitant une bonne écoute...