Pinegrove
Elsewhere |
Label :
Run For Cover |
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Pour fêter la fin de leur épique tournée américaine et (un peu) européenne regroupant pas moins de 200 shows rien qu'en 2016, Evan Stephens Hall et ses potes du groupe alt.country Pinegrove ont décidé d'enregistrer un de leurs derniers shows et de le poster à prix libre sur leur bandcamp en guise de lettre de remerciement pour leurs fans – tout leur catalogue est à ce tarif en ce moment d'ailleurs, avis aux curieux... Mais gare à ne pas commettre l'erreur de prendre cet Elsewhere comme un simple bonus, ou même comme un complément de Cardinal, qu'il reprend en grande partie comme la pochette l'indique fort bien, car c'est bien plus que ça. Déjà, premier signe : avec ces couleurs, la pochette est plus belle qu'avant. Une couture cyan sur fond bleu marine, comme une version nocturne de Cardinal. Et la nuit, c'est précisément là que se révèle Pinegrove, lorsqu'une fois le soleil couché le groupe achève de faire ses balances et s'apprête à rencontrer son public. Pour avoir eu la chance de les voir lors de leur unique passage à Paris (avec Edam Edam en première partie sisi la famille), leur musique prend vie en direct. Lorsque les névroses ordinaires d'Evan Stephens Hall prennent corps devant nos yeux.
Non, Elsewhere n'est pas qu'un bonus, c'est même tout ce que le déjà formidable Cardinal aspirait à être. Ce dernier a lui-même été conçu lors d'une tournée, leur première il y a 3 ans de cela, et parle de voyage, du regret d'avoir perdu de vue ses vieux amis ("Old Friends " et cette ligne tragique "I saw Leah on the bus a few months ago/I saw some old friends at her funeral"), de la crainte de ne plus savoir trouver les mots, d'avoir le langage bloqué dans la gorge ("Aphasia"), du soulagement de parvenir enfin à articuler ses angoisses ("Cadmium"), et de toutes sortes d'angoisses post-adolescentes. Celles d'un jeune homme qui tâche de vivre avec ses failles, de comprendre ses échecs pour les sublimer en des chansons qui amèneront Cardinal dans la cour des grands, pour s'achever sur la résolution d'aller de l'avant ("New Friends").
"What's the worst that could happen?" Indeed.
Elsewhere revient donc aux sources de Cardinal, l'interprétant en live après en avoir rodé les contours devant plus de 200 publics différents, en lui donnant une nouvelle chair. Avant toute chose ce qui est évident c'est la différence de tracklisting. "Then Again" et "Waveforms" sont évacuées (pourquoi pas, aussi bonnes soient-elles ce ne sont pas les sommets de l'album) pour intégrer la brève "Angelina" et l'intense "Recycling" (qui eux sont parmi les meilleures choses que le groupe a produit dans le passé). Quant aux versions live, elles sont tout simplement stellaires. "Visiting", ouverture idéale pour un groupe de passage, montre d'emblée comme l'emphase a désormais été mise sur les guitares ; le banjo a viré pour mieux épaissir la couche des six cordes qui deviennent plus incandescentes que jamais. Cette intro c'est comme contempler un ciel étoilé entre potes près des braises toutes fraîches d'un feu de camp à l'agonie. Le reste de la setlist sera au diapason. "Angelina" était certes déjà belle dans sa version originale mais trop courte en bouche, le live rageur lui donne enfin le climax qu'elle a toujours mérité. "Aphasia" se voit gratifiée d'une incroyable version longue soulignant avec une force nouvelle les nuances d'une narration douce-amère qui s'achèvera toutes voiles dehors sur un solo au tranchant tout neilyoungesque.
Je pourrais continuer comme ça mais à quoi bon, toutes les versions studio s'en trouvent sublimées. Le chant instantanément familier, poignant et amical d'Evan trouve tout son épanouissement dans la spontanéité du live, les instrumentations sont impeccables et exaltées, la prise de son est d'une qualité maniaque (voilà de quoi rassurer ceux qui déplorent les conditions d'enregistrement inférieures de la plupart des albums live). Vous voulez faire l'expérience ultime de Pinegrove mais vous n'avez pas les moyens de vous payer un aller-retour aux States ? Vous pouvez certes vous pencher sur Cardinal pour vous familiariser avec les versions "originales", mais faites moi le plaisir de revenir vers ce live fissa si vous avez envie de prendre votre pied de la plus belle des façons sur le meilleur groupe alt.country (d'aucuns parleront aussi de midwest emo) de ces dernières années.
Elsewhere s'adresse aux fans et témoigne en ses sillons de toute cette communauté qui s'est mise à vibrer en résonance avec le groupe ces dernières années : en plus des ravissants chœurs féminins americana qui viennent rehausser la performance vocale déjà déchirante d'Evan, on peut à certains moments entendre le public chanter en chœur. Voilà qui ramène à ma mémoire les mots émus du sensible blondinet qui à Paris n'en revenait pas de constater que jusqu'en France le public connaissait la plupart de ses textes par cœur.
Un album live gratos pour dire merci à ses fans ? Putain, c'est moi qui te remercie, Evan.
Non, Elsewhere n'est pas qu'un bonus, c'est même tout ce que le déjà formidable Cardinal aspirait à être. Ce dernier a lui-même été conçu lors d'une tournée, leur première il y a 3 ans de cela, et parle de voyage, du regret d'avoir perdu de vue ses vieux amis ("Old Friends " et cette ligne tragique "I saw Leah on the bus a few months ago/I saw some old friends at her funeral"), de la crainte de ne plus savoir trouver les mots, d'avoir le langage bloqué dans la gorge ("Aphasia"), du soulagement de parvenir enfin à articuler ses angoisses ("Cadmium"), et de toutes sortes d'angoisses post-adolescentes. Celles d'un jeune homme qui tâche de vivre avec ses failles, de comprendre ses échecs pour les sublimer en des chansons qui amèneront Cardinal dans la cour des grands, pour s'achever sur la résolution d'aller de l'avant ("New Friends").
"What's the worst that could happen?" Indeed.
Elsewhere revient donc aux sources de Cardinal, l'interprétant en live après en avoir rodé les contours devant plus de 200 publics différents, en lui donnant une nouvelle chair. Avant toute chose ce qui est évident c'est la différence de tracklisting. "Then Again" et "Waveforms" sont évacuées (pourquoi pas, aussi bonnes soient-elles ce ne sont pas les sommets de l'album) pour intégrer la brève "Angelina" et l'intense "Recycling" (qui eux sont parmi les meilleures choses que le groupe a produit dans le passé). Quant aux versions live, elles sont tout simplement stellaires. "Visiting", ouverture idéale pour un groupe de passage, montre d'emblée comme l'emphase a désormais été mise sur les guitares ; le banjo a viré pour mieux épaissir la couche des six cordes qui deviennent plus incandescentes que jamais. Cette intro c'est comme contempler un ciel étoilé entre potes près des braises toutes fraîches d'un feu de camp à l'agonie. Le reste de la setlist sera au diapason. "Angelina" était certes déjà belle dans sa version originale mais trop courte en bouche, le live rageur lui donne enfin le climax qu'elle a toujours mérité. "Aphasia" se voit gratifiée d'une incroyable version longue soulignant avec une force nouvelle les nuances d'une narration douce-amère qui s'achèvera toutes voiles dehors sur un solo au tranchant tout neilyoungesque.
Je pourrais continuer comme ça mais à quoi bon, toutes les versions studio s'en trouvent sublimées. Le chant instantanément familier, poignant et amical d'Evan trouve tout son épanouissement dans la spontanéité du live, les instrumentations sont impeccables et exaltées, la prise de son est d'une qualité maniaque (voilà de quoi rassurer ceux qui déplorent les conditions d'enregistrement inférieures de la plupart des albums live). Vous voulez faire l'expérience ultime de Pinegrove mais vous n'avez pas les moyens de vous payer un aller-retour aux States ? Vous pouvez certes vous pencher sur Cardinal pour vous familiariser avec les versions "originales", mais faites moi le plaisir de revenir vers ce live fissa si vous avez envie de prendre votre pied de la plus belle des façons sur le meilleur groupe alt.country (d'aucuns parleront aussi de midwest emo) de ces dernières années.
Elsewhere s'adresse aux fans et témoigne en ses sillons de toute cette communauté qui s'est mise à vibrer en résonance avec le groupe ces dernières années : en plus des ravissants chœurs féminins americana qui viennent rehausser la performance vocale déjà déchirante d'Evan, on peut à certains moments entendre le public chanter en chœur. Voilà qui ramène à ma mémoire les mots émus du sensible blondinet qui à Paris n'en revenait pas de constater que jusqu'en France le public connaissait la plupart de ses textes par cœur.
Un album live gratos pour dire merci à ses fans ? Putain, c'est moi qui te remercie, Evan.
Excellent ! 18/20 | par X_Wazoo |
En écoute : https://pinegrove.bandcamp.com/album/elsewhere-2
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