Grotus

Brown

Brown

 Label :     Spirit Music Industries 
 Sortie :    1991 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Sur le papier, Grotus a tout de la formation qui ne percera jamais. Un nom aussi peu sexy que des photos de Marie-Thérèse Ordonez en soubrette, un premier album doté d'une pochette dégueulasse et évoquant la couleur des vestons démodés que ton daron mettait pour les repas du dimanche, Brown pourrait puer le bide à plein nez. Et pourtant, la crème de la crème s'est pignolée sur ce groupe : Mr Bungle, Faith No More, Neurosis, Nine Inch Nails, ça va ? Le jour où votre groupe sera cité en référence, ne serait-ce que par le postier du village qui avoue écouter votre disque pour se filer du tonus durant ses tournées de distribution, on en reparlera. En attendant, on se tait et on écoute.
On écoute cette voix grave nous parler de je ne sais pas quoi mais qui a l'air vachement intelligent, on se bouffe de la grosse basse aux trois repas quotidiens et on fait le plein de vitamines via la collection de samples, bruitages et sons indus qui parsèment le disque. Grotus ne ressemblait déjà à personne dans les années 90 alors maintenant, vous pensez... Moi, aujourd'hui, quand on me parle de musique industrielle, j'imagine juste des musiciens parqués dans des hangars, gavés de notes grasses et alignant tous les mêmes gammes, citant tous les mêmes références, jouant tous la même daube impersonnelle. Alors que là, on tient un truc assez unique, une espèce de pré Godflesh quelque part, avec des titres tel que "Pharmaceutical", plus des délires incompréhensibles sur des tempos indéchiffrables.
C'est vrai que ça sonne un peu daté tout ce tintouin. Les prods actuelles sont plus puissantes, servent de cache-misère, mais là, tu ne peux que t'extasier devant les dégâts et, encore une fois, c'est la force des 90's. C'est en écoutant ce genre d'album que je comprends le fossé générationnel. Car si j'apprécie les trucs récents, au final, c'est bien souvent les disques de l'époque de ma jeunesse que je trouve les meilleurs, quel que soit le style. Il y a la fraîcheur innovante, le goût des expérimentations inusitées et une arrière-pensée carriériste bien moins présente, bien qu'on en soit aux prémisses.
Écouter Grotus, c'est se replonger avec délectation dans une période musicale bénie des dieux.


Bon   15/20
par Arno Vice


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