Me'shell Ndegeocello
Anvers - Belgique [De Roma] - vendredi 31 mai 2019 |
Ce qui m'a frappé quand Meshell Ndegeocello a foulé la scène, c'est sa petite taille. Un détail, bien sûr. Et pourtant, quand on connaît une femme uniquement par sa musique, son histoire étonnante, ses interviews, et que ces différents éléments laissent imaginer une femme charismatique, authentique et qui ose, on la représente mentalement dans un corps plus grand, qui prend autant de place que sa personnalité. Non, Meshell est un petit être, mais avec un esprit fort et libre : "Maintain your state of mind" nous dira-t-elle à la fin du concert.
Ce vendredi soir, à Anvers, dans le quartier multiculturel de Borgerhout : ma première rencontre avec l'artiste soul la plus créative et vibrante qui soit. Première fois également que j'assiste à un concert à De Roma : ancien cinéma construit à l'époque de l'entre-deux guerres, chic avec un charme désuet, et des longs rideaux rouges twinpeaksiens qui découpent la salle. Annoncé dans le cadre de la tournée promotionnelle de son dernier (très bon) album, Ventriloquism, le show de ce soir sera assurément riche en reprises, exercice dans lequel la bassiste excelle d'ailleurs.
Les titres extraits de Ventriloquism génèrent quelques-uns des plus beaux moments du concert, par exemple avec l'aérien "Nite and Day" et "Atomic Dog" dans une très longue version composée de nombreux jams groovy. La reprise, et le morceau tout album confondu d'ailleurs, qui m'a le plus captivé ce soir, est pourtant extrait d'un des disques que j'écoute le moins, son premier album de reprises, sorti en 2012 : Pour un âme souveraine : a Dedication to Nina Simone. "Suzanne", reprise de Leonard Cohen, également interprétée par Nina Simone, est un superbe moment : à nouveau, comme "Atomic Dog" dans une version longue prévue pour le live, avec de renversants passages instrumentaux en introduction et en conclusion du morceau. Oui, un superbe moment. Vers la fin du concert, c'est au tour de son batteur de reprendre "Sing a Simple Song" de Sly and the Family Stone.
Le set n'est, heureusement, pas exclusivement centré sur les reprises, car ce que je préféré chez Meshell Ndegeocello, c'est tout de même ses compositions originales, dont le style a beaucoup évolué au fil des décennies, mais qui ont su préservé une qualité constante. Les couleurs les plus funk et hip-hop des débuts sont ici quasiment absentes. On aurait apprécié l'un ou l'autre titre de son tout premier disque, Plantation Lullabies, mais Meshell puise principalement dans ses derniers disques, plus introspectifs. Le reggae-isant "Forget My Name" est un régal ; et quelle agréable surprise d'entendre "The Sloganeer : Paradise", extrait de son disque le plus expérimental, The World Has Made Me the Man of My Dreams (2007). En rappel, Ndegeocello et son groupe reviennent pour un morceau assez rock et assez bref par rapport aux autres titres joués ; il s'agit probablement d'une nouvelle chanson.
Durant tout le concert, Meshell garde les yeux clos. Rares sont les occasions où l'on peut apercevoir ses yeux sombres. Elle souffre d'épilepsie photosensible et ne supporte pas les flashs des appareils photo en concert ; mais au-delà de cet aspect, j'y vois surtout sa façon toute personnelle d'entrer en communion avec la musique qu'elle joue, avec le lieu dans lequel elle se trouve, et avec les gens qui l'entourent. Même quand elle s'adresse au public, elle garde les yeux fermés, ce qui a créé à un moment une situation un peu cocasse. Alors qu'elle expliquait l'origine de son dernier album de reprises (des chansons qu'elle écoutait quand elle était jeune), il y a eu une absence de réaction du public, suite à quoi elle a ajouté : "I know you don't understand me". On lui a tout de suite démontré l'inverse.
Humble, elle l'est incontestablement – elle qui a présenté son batteur, son guitariste et son claviériste à quatre reprises et remercié le staff de De Roma ; timide, peut-être un peu. Généreuse aussi, quand elle joue finalement près d'une demi-heure en plus qu'annoncé.
"Maintain your state of mind"
Photo par l'auteur
Ce vendredi soir, à Anvers, dans le quartier multiculturel de Borgerhout : ma première rencontre avec l'artiste soul la plus créative et vibrante qui soit. Première fois également que j'assiste à un concert à De Roma : ancien cinéma construit à l'époque de l'entre-deux guerres, chic avec un charme désuet, et des longs rideaux rouges twinpeaksiens qui découpent la salle. Annoncé dans le cadre de la tournée promotionnelle de son dernier (très bon) album, Ventriloquism, le show de ce soir sera assurément riche en reprises, exercice dans lequel la bassiste excelle d'ailleurs.
Les titres extraits de Ventriloquism génèrent quelques-uns des plus beaux moments du concert, par exemple avec l'aérien "Nite and Day" et "Atomic Dog" dans une très longue version composée de nombreux jams groovy. La reprise, et le morceau tout album confondu d'ailleurs, qui m'a le plus captivé ce soir, est pourtant extrait d'un des disques que j'écoute le moins, son premier album de reprises, sorti en 2012 : Pour un âme souveraine : a Dedication to Nina Simone. "Suzanne", reprise de Leonard Cohen, également interprétée par Nina Simone, est un superbe moment : à nouveau, comme "Atomic Dog" dans une version longue prévue pour le live, avec de renversants passages instrumentaux en introduction et en conclusion du morceau. Oui, un superbe moment. Vers la fin du concert, c'est au tour de son batteur de reprendre "Sing a Simple Song" de Sly and the Family Stone.
Le set n'est, heureusement, pas exclusivement centré sur les reprises, car ce que je préféré chez Meshell Ndegeocello, c'est tout de même ses compositions originales, dont le style a beaucoup évolué au fil des décennies, mais qui ont su préservé une qualité constante. Les couleurs les plus funk et hip-hop des débuts sont ici quasiment absentes. On aurait apprécié l'un ou l'autre titre de son tout premier disque, Plantation Lullabies, mais Meshell puise principalement dans ses derniers disques, plus introspectifs. Le reggae-isant "Forget My Name" est un régal ; et quelle agréable surprise d'entendre "The Sloganeer : Paradise", extrait de son disque le plus expérimental, The World Has Made Me the Man of My Dreams (2007). En rappel, Ndegeocello et son groupe reviennent pour un morceau assez rock et assez bref par rapport aux autres titres joués ; il s'agit probablement d'une nouvelle chanson.
Durant tout le concert, Meshell garde les yeux clos. Rares sont les occasions où l'on peut apercevoir ses yeux sombres. Elle souffre d'épilepsie photosensible et ne supporte pas les flashs des appareils photo en concert ; mais au-delà de cet aspect, j'y vois surtout sa façon toute personnelle d'entrer en communion avec la musique qu'elle joue, avec le lieu dans lequel elle se trouve, et avec les gens qui l'entourent. Même quand elle s'adresse au public, elle garde les yeux fermés, ce qui a créé à un moment une situation un peu cocasse. Alors qu'elle expliquait l'origine de son dernier album de reprises (des chansons qu'elle écoutait quand elle était jeune), il y a eu une absence de réaction du public, suite à quoi elle a ajouté : "I know you don't understand me". On lui a tout de suite démontré l'inverse.
Humble, elle l'est incontestablement – elle qui a présenté son batteur, son guitariste et son claviériste à quatre reprises et remercié le staff de De Roma ; timide, peut-être un peu. Généreuse aussi, quand elle joue finalement près d'une demi-heure en plus qu'annoncé.
"Maintain your state of mind"
Photo par l'auteur
Bon 15/20 | par Rebecca Carlson |
Setlist:
Waterfalls
Wasted Time
Suzanne
Rapid Fire
Forget My Name
Fellowship
Andromeda & the Milky Way
Nite and Day
Tender Love
Atomic Dog
The Sloganeer: Paradise
Sing a Simple Song
Good Day Bad
>>>
(morceau inconnu)
Waterfalls
Wasted Time
Suzanne
Rapid Fire
Forget My Name
Fellowship
Andromeda & the Milky Way
Nite and Day
Tender Love
Atomic Dog
The Sloganeer: Paradise
Sing a Simple Song
Good Day Bad
>>>
(morceau inconnu)
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