
Posté le 11 juin 2025 à 13 h 36m 58s |
Episode 1 : Quand Zobulon rencontre Géraldine
- Géraldine, je vous présente mon frère, Zobulon.
L'espace d'un instant, Géraldine Sacoche, la secrétaire de Zebulon, semble quelque peu interloquée, tandis qu'on peut entendre "Here Comes Your Man" des Pixies en fond sonore.
- Il travaille dans l'industrie cinématographique pour adultes, précise Zebulon pour éviter une quelconque gêne.
- Vous êtes acteur de boules ?
- Euh... oui, on peut le dire comme ça.
- Enchanté Monsieur Zobulon, c'est un honneur, réplique Géraldine, tout en s'avançant pour serrer la main de Zobulon, qui est d'ailleurs un peu gauche car dans son métier il n'a pas l'habitude de serrer la main des femmes. Pendant ce temps, Zebulon est allé chercher des rafraîchissements.
- Vous m'avez peut-être vu dans Blanches Fesses et les Sept Mains... Je joue une des mains... Voilà voilà...
- Désolée, je ne suis pas très cinéphile.
- Oui, je vous vois plutôt cynophile...
- Comment ça ?
- Non, rien.
- Avec un tel nom, vous étiez prédestiné, non ?
- Oui, en fait je voulais être poète ou philosophe, mais ça ne collait pas à mon prénom, je n'avais d'autre choix que d'embrasser cette carrière... ainsi que tout un tas de parties intimes.
- Je comprends.
- Mais en fait je ne me suis pas toujours appelé Zobulon...
- C'est votre nom d'artiste ? C'est bien trouvé.
- Merci. Oui, mon nom de naissance est Bezulon... Mais les gens semblaient trouver ça un peu vulgaire, certains même riaient. Pire encore, dans mon adolescence on me comparait à Bez des Happy Mondays. Tout cela devait cesser.
Zobulon semble encore hanté par ce passé terrible, son regard s'est un peu assombri.
- Sans parler du dieu égyptien Bès au sexe sans cesse turgescent... J'ai vu ça au Louvre quand on a fait une sortie à Paris pendant les fêtes de fin d'année avec le comité d'entreprise grâce à Monsieur Zebulon.
- Merci de ne pas remuer le couteau dans la plaie, celle-là aussi j'y ai eu droit...
- Désolée. Vous avez donc opté pour un pseudo plus élégant ?
- Exactement. Mais sans non plus trahir les coutumes ancestrales du clan Zebulon. Après tout nous descendons d'un démon assyrien, c'est assez lourd à porter comme héritage, il faut faire honneur au nom.
- Naturellement.
- D'ailleurs, vous ne le savez sans doute pas, mais Babylone s'appelait en fait Zebulone au départ. C'est le berceau de la famille. Mais on a voulu nous invisibiliser...
- Donc ça veut dire que "By The River of Babylone" devrait être renommé "By The River of Zebulone" ?
- Absolument. Il y a même une procédure en cours.
- Récapitulons... Si j'ai bien compris, vous êtes le frère de Zebulon Zebulon, vous vous appeliez Bezulon Zebulon, et maintenant vous vous appelez Zobulon Zebulon ?
- Dans mon métier on me connaît simplement sous le nom de Zobulon. Mes amis m'appellent ZZ.
- C'est top !
- Ça se prononce Zizi parce que c'est plus pratique que Zedzed, mais je précise que ça n'a rien de sexuel, c'est une pure coïncidence... Et puis ça fait plus branché en anglais. Après tout Zebulon aime bien qu'on l'appelle "Mister Ziboulonne" quand il est interviewé par la presse anglo-saxonne... Sans parler de son fameux accent...
- Ne vous moquez pas, vous savez bien qu'avant son accident sa prononciation était parfaite...
Géraldine décide alors de changer de sujet.
- Et donc le nom du démon était Zebulon, j'imagine ?
Un léger rictus sur les lèvres de Zobulon trahit son agacement naissant.
- Mais non voyons, il s'appelait Belzebulon. Vous ne lisez pas la presse people ou quoi ? C'est même marqué sur la page Wikipedia de Zebulon...
- Je...
- On le surnommait le Destructeur de Mondes. Il aimait bien anéantir des univers entiers, juste pour le plaisir.
- Mais... il a l'air horrible, rien à voir avec Monsieur Zebulon !...
- Non mais ne jugez pas trop vite, en fait à part ça il était plutôt sympa, un bon vivant qui sait s'amuser.
- Bon, ce n'est pas tout ça, les amis, interrompt Zebulon. Vous avez fait connaissance, c'est bien, mais nous devons nous mettre au travail afin de retrouver Zebula... enfin, Plock.
L'attention des deux jouvanceaux se focalise à présent sur l'animateur radio à la tête d'un empire médiatique et d'activités souterraines en tous genres (bien qu'il préfère le terme "indépendantes"). Un homme de cette trempe, on l'écoute.
- Entendu, Monsieur Zebulon.
- Après tout c'est pour ça que je vous ai réunis, et non pas pour parler cinéma, anthroponymie, linguistique, généalogie ou démonologie... On n'est pas sur Xsilence.
- Au fait, Zebulon, pourquoi nous avoir choisis, et pas tes meilleurs hommes ?
- C'est une mission Top Secret. J'ai peur que Plock ait infiltré des espions dans la place. Vous êtes les deux personnes qui me sont le plus proche. Croyez-moi, ce n'est pas pour vos compétences que je vous ai choisis !
- Merci, Monsieur Zebulon.
- De rien, Géraldine... Bon, trêve de frivolités, mettons-nous au travail !
En fond sonore : Portishead, "Glory Box".
On se souvient (vaguement) que dans le dernier épisode le perfide Plock s'était rendu dans un sordide cabaret des bas fonds du port de Libourne où Zebulon se rendait incognito chaque semaine afin d'officier dans un spectacle de danse transformiste sous le doux nom de "la petite reine du disco", au milieu de marins avinés et lubriques et d'effluves de hareng fumé et de rhum frelaté.
Sournoisement, Plock s'était rendu dans la loge de Zebulon sous le prétexte fallacieux d'être un admirateur venu lui apporter des fleurs. Le but de Plock, qui prétendait se nommer Polck pour ne pas éveiller les soupçons, était en fait de kidnapper Zebulon. Dans ce huis clos poignant (et pathétique), il avait alors fini par avouer à ce dernier pourquoi il lui en voulait autant : il était en réalité la sœur cachée de Zebulon, qui avait ensuite changé de sexe pour devenir un homme, et était très jaloux de son frère. Tout s'explique. Zebulon avait heureusement pu s'échapper de cet énième plan diabolique.
Certes, somme toute quelque chose semble ne pas tourner rond dans la famille Zebulon, surtout dans le domaine de l'identité sexuelle, mais en même temps, quand on descend d'un démon assyrien, ça peut laisser des séquelles.
- Mais... Monsieur Zebulon, comment allons-nous nous y prendre pour capturer Plock ?
- C'est bien simple mon petit, nous allons au préalable nous rendre maîtres du monde...
La suite au prochaine épisode :
A la recherche du Plock perdu
Posté le 11 juin 2025 à 13 h 37m 41s |
Episode 2 : A la recherche du Plock perdu
Géraldine et Zobulon regardent alors Zebulon avec un air interloqué, les yeux et la bouche grand ouverts, tandis qu'on entend au loin "Somebody's Watching Me" de Rockwell en fond sonore.
- Une fois cette première étape validée, capturer Plock ne sera alors plus qu'un jeu d'enfant, précise Zebulon.
- Cela semble un peu ambitieux, non ? Est-ce qu'au moins tes deux gardes du corps seront avec nous ?
- Jacky et Francis ? Non Zobulon, ils ne travaillent plus pour moi. Ils sont maintenant en couple, ont ouvert un bar à ongles et adopté un enfant pygmée.
- Ah oui, ça change... En gros ils sont passés de body guards à body shop.
- Après leur coming out ils se sont decouverts une passion soudaine pour les prothèses ongulaires. Je les aperçois parfois quand ils devalent la rue en roller, cheveux au vent, la main dans la main. Bref, nous les avons perdus à tout jamais...
- J'en ai bien peur...
- Crois-moi, tout ce qu'ils pourraient faire pour nous aider dans nos projets, c'est nous relooker ou nous faire écouter le dernier Lady Gaga - qui est, selon eux, "in-croy-able"...
- Moi je veux bien être relookée et écouter Lady Gaga !
- Bien-sûr que vous le voulez, Géraldine... rétorque Zebulon en levant les yeux au ciel et en soufflant par le nez, l'air lassé et un peu méprisant.
Géraldine trépigne d'impatience et peine à cacher son inquiétude.
- Mais Monsieur Zebulon, on fait comment pour devenir maître du monde ? Je n'arrive déjà pas à réussir une omelette ou à faire un créneau.
- Je vais vous expliquer tout ça... Commençons par nous rendre au Zebuilding, où les équipements de Radio Très Grand Brive nous seront très utiles... Et puis bon n'oublions pas qu'il y a 666 étages, on devrait être tranquilles...
Mais avant ça, j'ai faim, allons manger un morceau. Zebway, ça vous dit ?
- Ou on peut aller dans un Pizza Zeb.
- Moi je mangerais bien un Mac Chickzeb.
- Bon on verra, tous à la Zebumobile !
Après un rapide en-cas dans un restaurant d'une des chaînes possédées par Zebulon, sur fond sonore de "Cruel Summer" de Bananarama, nos trois compères sont arrivés aux locaux de Radio Très Grand Brive - anciennement Radio Grand Brive. En effet la radio a été rebaptisée ainsi en raison d'une augmentation de la population municipale et surtout d'une politique ambitieuse de la mairie qui veut rivaliser avec Paris, d'où une volonté des édiles de "rendre la ville plus attactive et attirer les investisseurs", édiles qui de toute façon sont à la botte de Zebulon - mais là n'est pas le sujet.
Zebulon, lunettes de soleil au nez, est assis à son bureau de marbre noir, accoudé à son fauteuil en cuir de rhinocéros, l'air impérieux et imperturbable, caressant une panthère blanche naine qui ronronne sur ses genoux. En fond sonore, "This Corrosion" de The Sisters Of Mercy donne le ton.
Géraldine et Zobulon, assis en face de notre disc jokey préféré, parcourent du regard les aquariums géants disposés tout autour de la pièce, où évoluent des requins blancs et des crocodiles marins. Géraldine se surprend à espérer que le verre ne se brise pas. Zobulon se demande si ça ne pourrait pas servir de décor pour son prochain film.
Mais la voix de Zebulon, cette voix désormais légendaire sur les ondes, vient brusquement les sortir de leurs rêveries.
- Alors voilà, mon plan est d'une simplicité évangélique... mais diabolique en même temps.
- Simple mais efficace ?
- Tout à fait. J'avais d'abord pensé à mobiliser une armée d'Arbares mais...
- Vous voulez dire Arabes ?
- Non, Arbares. Un mélange d'arbres et de barbares. Ces gars-là ne rigolent pas, croyez-moi... Ils n'ont pas leur pareil pour vous gifler la face avec leurs branches bien feuillues. Et comme on trouve des arbres partout dans le monde, c'est bien pratique pour conquérir le monde.
- Pourquoi alors avoir abandonné ce projet ?
- Parce que les Arbares n'existent pas.
Vous avez déjà vu un Arbare, Géraldine ?
- Euh... non, mais...
- Du moins pas encore tout à fait. C'est juste un projet en cours dans mes laboratoires, mes ingénieurs agronomes sont dessus mais n'ont pas encore trouvé la bonne formule pour transformer les arbres en Arbares, et le temps presse.
- Dommage.
- Ce serait plus simple et rapide si on vivait encore au temps des démons et de la magie, mais bon c'est comme ça, il faut faire avec.
- Comment on va faire, alors ?
Les regards de Géraldine et de Zobulon sont suspendus aux lèvres de "la star radiophonique à la plastique parfaite", comme les médias se plaisent à l'appeler - non sans quelque ironie, il est vrai.
La suite au prochaine épisode :
Zebulon et les radiateurs de la fin du monde
Posté le 12 juin 2025 à 08 h 44m 40s |
Mieux qu'une serie sur Netflix
Posté le 12 juin 2025 à 08 h 44m 53s |
Mieux qu'une serie sur Netflix
Posté le 12 juin 2025 à 09 h 25m 52s |
On est quand même sur une série à base d'histoires de fantômes....